Désobéis ! / Christophe Léon. Thierry Magnier, 2011.

"Désobéis" ? Ou" Résiste" ?

Christophe Léon nous invite à réfléchir sur la société actuelle et sur différents sujets qui fâchent : les loyers abusifs,  la surconsommation, l'homophobie, le handicap, les sans papier, ...
Toutes ces causes sont bonnes, la lutte est évidente.

Cela sert-il a quelque chose ?

"Va savoir ..... Mais il n'y a rien de pire que d'accepter l'inacceptable sans réagir"

En 9 nouvelles, comme un cri d'alarme, Christophe Léon propose quelques exemples de désobéissance civile qui quotidiennemnt peuvent être menées, sans outrepasser les lois.

Parfois avec humour, toujours avec conviction, une résistance non-violente : une incitation qui fait du bien !

La punaise / Thierry Dedieu. Sarbacane, 2012

Une malheureuse  petite punaise se trouve sur la chaise du professeur qui, en la voyant, pique une colère monstre et exige que le coupable se dénonce.

Silence dans la classe.

Le professeur court alors avertir le Directeur qui arrête la classe, qui appelle le Maire qui stoppe la ville, les voitures, les magasins, les usines et qui téléphone au député, qui en averti le Président ..... Et ainsi de suite.

Et voilà comment, d'une petite broutille, le monde s'arrêta de tourner.

Un livre drôle et intelligent (et vice versa) sur la bêtise humaine et ses conséquences inconsidérées.

Et si a l'inverse, il suffisait de presque rien pour faire changer le monde  : "que la neige reviennent sur les sommets, l'eau dans les rivières, les poissons dans la mer et les sourires sur les lèvres " ?

Candy / Anne Loyer. Des ronds dans l'O, 2012.

Il est court ce livre, mais incisif.

En quelques chapitres il retrace l'histoire de Candy, 15 ans,  lycéenne en seconde, plutôt jolie. Elle a cru rencontrer un garçon honnête, ils ont fait l'amour : elle est enceinte. Pour le corps médical, c'est une histoire banale. Son histoire. Elle n'est pas la première, ni la dernière à qui cela arrive, mais elle n'est plus seule dans son choix d'avortement.

Ce roman aborde toutes les interrogations, les peurs, les doutes ressentis.Pas de parti pris, pas de jugement de valeur, juste des interrogations, des doutes, des peurs.

Un roman essentiel : un texte d'utilité publique


Anne Loyer : auteur et chroniqueuse de livres jeunesse par ici : http://enfantipages.blog.lemonde.fr/

Pas de ciel sans oiseau / Rémi Courgeon. Mango Jeunesse, 2012.

Toujours sollicité pour des menus bricolages : réparer l'horloge de la mairie, tendre une chaîne de vélo ou dépanner un tracteur, Augustin est un véritable artiste qui fait le bonheur des villageois grâce à la dextérité de ses 10 doigts.

Un jour, Augustin qui connait bien ses limites, se trouve désemparé devant Victor qui lui apporte un rouge gorge sans vie pour le "réparer". Après une nuit passée dans son atelier, l'incroyable se produit : le coeur de l'oiseau se remet à battre ...

Cet album est d'une incroyable beauté.

Par ces illustrations tout d'abord qui interpellent dés la couverture, et puis par son histoire : un véritable conte initiatique, philosophique et poétique.

Un album qui parle d'amitié, de vie, de mort, de transmission, d'oiseaux (évidement) et d'un poisson aussi.

Une jolie découverte, que j'avais juste envie de partager.

La dernière licorne / Eva Kavian. Mijade, 2008

Eva Kavian aborde toujours des sujets qui ne sont pas des plus simples.

Ici, l'histoire de deux soeurs dont l'une est aphasique suite à une chute dans l'escalier dont l'autre est sortie indemne.

Il est donc question de différence, d"handicap, mais aussi d'amour familial et du rôle des parents.

Mais l'auteur ne s'arrête pas là, elle aborde aussi le thème de l'euthanasie et de l'hopital psychiatrique.

(sujets difficiles, je vous avez bien averti).

Des personnages forts, respectueusement décrits, sans jugement.

Un roman au ton juste, jamais larmoyant.

Et même si tout cela semble dur, dur, une certaine légéreté plane en permanence et ce livre poignant se dévore en un rien de temps.

(et hop, pour un autre titre d'Eva Kavian, on va par ici :
http://alireauxpaysdesmerveilles.blogspot.fr/2012/06/premier-chagrin-eva-kavian-mijade-2011.html )

Sans le A / Mickaël Escoffier, Kris Di Giacomo. Kaléidoscope, 2012.

Aviez-vous remarqué que sans le A, la carotte est une crotte ?

Que sans le O, le gorille reste derrière la grille ?

et que sans le U, la mouche est moche ? 

Une façon ludique et détournée d'apprendre son alphabet et de s'approprier de nouveaux mots. Si les trouvailles linguistiques de Mickaël Escoffier ne manquent pas d'humour, les illustrations décalées de Kris Di Giacomo sont, quant à elles, remplies d'une imagination débordante.

La complémentarité des deux donne un album original qui fonctionne à merveille : une fois la dernière page tournée, on se surprend à chercher de nouveaux exemples. 

L'idée est simple mais il fallait y penser !

(et hop ! on peut retrouver un autre album de Mickaël Escoffier par ici : http://alireauxpaysdesmerveilles.blogspot.fr/2012/04/moi-dabord-mickael-escoffier-frimousse.html)

La balade de Jordan et Lucie / Christophe Léon. EDL, 2012

A la maison, l'ambiance est plutôt tendue depuis que le père de Lucie est au chomâge, sombre dans l'alcool et que sa mère envisage de divorcer. Alors forcément, tout cela ressurgi dans l'attitude et la scolarité de Lucie, ado écorchée, solitaire qui trouve souvent refuge chez sa grand-mère.

Un jour, parce qu’elle veut détourner l’attention de sa prof de maths, elle lève le doigt et accepte de parrainer Jordan, léger handicapé mental qui intègre une classe de sixième. Un de ces jeunes à la marge autrement appelé  "débiles " en langage collégien. 

Lucie regrette vite cet élan irréfléchi.

Mais c'est trop tard ....L'intrusion de Jordan dans son quotidien va bousculer sa vie.

Après les témoignages personnels de Lucie et Jordan, un narrateur extérieur prend alors le relais pour laisser vivre la suite de leur histoire, de leur balade...

Parce que cette histoire est bouleversante, qu'elle parle de ce qui est si proche et si loin à la fois, qu'il est question d'amour mais aussi de répulsion, de difficultés et d'exclusion,...on est emporté par un flot d'émotions qu'on ne maîtrise pas. Des émotions qui chamboulent, qui mettent mal à l'aise, qui désorientent et c'est souvent le coeur serré que l'on tourne les pages de ce livre.

Laissez-vous emporter .....

(Y'a pas à dire, je deviens totalement fan de Christophe Léon)

Le mardi sur son 31 #10 : Le parloir / Eric Sanvoisin. Grund,

"Des cris, des bruits de pas sur le béton, des semelles ferrées qui frappent les marches des escaliers métalliques, des chaussons qui trainent au bout des pieds désoeuvrés, des bagarres, des plaisanteries grivoises, des menaces, des insultes, deux détenus qui s'interpellent, l'infirmière qui distribue les médiaments en poussant un chariot qui couine, un oeilleton qui se soulève .... mille bruits, mille occasion de devenir fou."

     (In :Le parloir de'Eric Sanvoisin)

Un texte brut, sans fioriture, tout en pudeur et en retenue, à la fois sobre et silencieux sur l'univers carcéral.

18 ans à peine, accusé de meurtre pour lequel il s'est constitué prisonnier, incarcéré en préventive, Yann ne parle plus. Refuse-t-il de répondre? Ou ne peut-il pas ? Peu importe. Qu'elle est la différence ? Tout ce que l'on ressent dans ce silence,  c'est la souffrance de Yann, sa solitude et son renoncement.

De parloir en parloir, on découvre alors son histoire : sa mère ; sa soeur qui le soutient démesurément ; son avocat, jeune et maladroit ; son amour incommensuré pour Déborah, maltraitée par un père alcoolique ; et le motif de son incarcération :  une altercation avec le père de Deborah qui se solde par un geste définitif.

La réalité qotidienne de Yann en prison ne nous est pas épargné, avec justesse et sans caricature.

Un roman qui ne laisse pas indifférent, tant par le fond que par la forme.

Les voleurs de têtes / Hervé Jubert. Rageot, 2012 (Vagabonde, T1)

Des dénouements parfois faciles et malgré tout, une héroïne tellement pétillante, débrouillarde et audacieuse que l'on a envie de la suivre jusqu'au bout de son aventure.

Billie Bird a 15 ans, un petit frère, un grand-père un peu dingue et un père cambrioleur. Oui, mais voilà, cela fait trois jours que son père n'est pas rentré et, passé le cap de l'inquiétude, Billie se lance à sa recherche au volant d'un combi Volkswagen. Elle ne joue pas petit-bras : c'est sur la piste de collectionneurs d'antiquité qu'elle se trouve embarquée, son petit frère dans les pattes et en compagnie d'Octave qui surgit fort à propos... Mais le mystérieux Octave, est-il réellement celui qu'elle croit ? Veut-il réellement l'aider ?

Un roman plein de vitalité et de rythme.

Mais si l'intrigue est bonne et les personnages intéressants, il n'empêche que ça manque parfois d'un peu de suspense et d'embûches.

(Comme il s'agit d'une série en 3 tomes, figurez -vous que les aventures de Billie sont loin d'être terminées)

Récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée / Jo Witek. Seuil, 2012

La question capillaire est sûrement un sacré enjeu chez les jeunes ! 

La preuve si Xavier ne réussi pas son entrée au lycée, c'est bien parce qu'il a trop écouté sa mère et qu'il est allé chez le coiffeur la veille de la rentrée. Si la mèche trop longue à la Justin Bieber, ça le fait pas, le 1/2 millimètre sur le crâne, c'est pas terrible non plus. 

Bref, état d'esprit de loser pour Xavier pour cette rentrée : pas de petite amie, son pote Martin a choisi une filière pro dans un autre lycée, ils se sent incompris par ses parents, ses joues sont aussi lisses que la peau des fesses d'un bébé, le mec le plus cool du lycée l'ignore totalement, ...

Mais que l'on se rassure tout est bien qui fini bien. Entre questions existencielles sur l'amitié, l'amour, le physique, la musique et le lycée,  les 3 prochaines années ne sont pas totalement fichues pour Xavier !

Sous forme de journal intime, ça se lit vite, c'est divertissant et il y a même une sympathique bibliothécaire ...;-).

Tout est parfait.

Un peu trop d'ailleurs ....

Ogre, cacatoés et chocolat / Cécile Roumiguière. Belin, 2012.

Elle a plutôt une bonne bouille Manon ; toute en rondeur.

Comme le soit disant méchant ogre, qui ne fait pas peur à notre petite rouquine, collectionneuse de bouts de papier et de mots improbables.

La voilà son arme secrète pour lutter contre le gros méchant ogre : les mots magiques !

"Cacatoés", "Coléoptère", "Scarabée", "Chocolat".  Pourquoi ne pas y avoir penser plus tôt ? Des mots comme ça, ça cloue le bec à un gros ogre affamé !

Et voilà comment renverser la situation et amadouer un gros ogre ronchon.

Une jolie histoire d'amitié et de tolérance remplie de délicatesse et de facétie.

Un album trés poétique sur le pouvoir des mots : les mots sont beaux et utiles, donc précieux.

Swing à Berlin / Christophe Lambert. Bayard jeunesse, 2012.

Allemagne, 1942

Goebbels, le Ministre de la Propagande charge Dussanteur, jazzman à la retraite, de monter un orchestre de "musique de danse rythmée" pour remonter le moral des troupes et de la population. Quatre garçons recrutés aux quatre coins du pays donnent naissance au Goldenen Vier.

On suit alors la tournée de l'orchestre et de ses 5 interprètes talentueux aux opinions politiques fortes.

Tout au long du récit se mêlent intimement, l'histoire du jazz et l'Histoire de l'Allemagne.
Christophe Lambert réussit un livre dense qui montre bien ce qui se joue durant cette période et comment la musique peut être un moyen de résister à l’idéologie nazie.
Le traitement historique de ce livre, très documenté, est intéressant et juste. L'écriture est agréable.  La première partie sur le recrutement des musiciens et l'apprentissage du jazz a été pour moi un peu "laborieuse", mais une fois l'intrigue installée, c'est un livre que je n'ai pas lâché

Théa pour l'éternité / Florence Hinkel. Syros, 2012

Bien soutenue par sa mère, dont la seule obsession est de rester jeune, Théa accepte d'être cobaye pour un programme anti-vieillissement ; d'autant plus que Théo lui préfére une jolie pom-pom girl.

Théa sombre alors dans une alléchante et vertigineuse course contre le temps, mais le revers de la médaille n'est jamais bien loin.

Tout ne m'a pas paru crédible dans ce roman : des parents facilement convaincus par cette expérience, un attentat soudain dans le métro, ....  et j'ai vu la fin arriver asez rapidement.

Alors, même si le sujet peut être alarmant et source de débat, je me suis longuement ennuyée à la lecture de ce roman. Finalement la réflexion n'est pas tellement poussée, et tout ce déroule dans trop de "normalité".

C'est pas moi, c'est mon loup ! / Milly Cabrol. Milan, 2012.

Mon Amérique / Alice de Poncheville. Ecole des Loisirs, 2012.

C'est aux Etats-Unis que Lisa devait aller pour de radieuses vacances estivales, mais ce sera finalement dans un trou paumé du Sud de la France, chez sa grand-mère, et avec son petit frère dans les pattes, qu'elle passera 15 jours. Le programme s'annonce alors moins réjouissant.

Pourtant, Lisa va vivre des vacances assez étonnantes...

Bel été pour Lisa que cet été initiatique où elle découvre la puberté, l'amour et son premier chaste baiser. L'été de tous les changements où la petite fille devient une femme.

Les adolescentes qui se laisseront portées par les quelques touches d'irréel et de fantastique qui parsèment l'ouvrage, se régaleront sûrement en découvrant la progression de l'idylle amoureuse entre Lisa et Lalou et l'évolution de la jeune fille.

Malheureusement, je n'ai jamais réussi à entrer complétement dans l'histoire et à me laisser porter par l'écriture poétique d'Alice de Poncheville. "Le don d'Adèle", de la même auteur, m'avait déjà fait le même effet ...

Les pendules de Dana / Agnès de Lestrade,Constanza Bravo. La joie de lire, 2012.

Le coeur de Dana est une pendule et elle sait exactement qu'elle modèle offrir à chacun de son entourage : un réveil à son père pour rattraper le temps perdu, une horloge à sa grand-mère "pour passer le temps et que chaque minuit soit belle".....

Allégorie de la vie et du temps qui passe et que l'on partage, voilà un joli album poétique sur l'art de ne pas perdre son temps inutilement, de flâner tranquillement ou encore de stopper le temps et de profiter des gens qu'on aime.

Un trés bel album, pour quelques minutes de rêve .....

Le monde attend derrière la porte / Pascale Maret. Thierry Magnier, 2009

Sarah et toute sa famille vivent au sein de la Communauté des Rigoristes : obligation de jupe longue, de cheveux camouflés, d'avoir 6 enfants par famille,  ...  Un mode de vie trés strict, coupé de la société, coupé des autres, de ceux qui représentent le mal, de ceux qui n'ont rien compris à Dieu et la foi.

Mais Sarah n'accepte pas cette éducation. Adolescente en pleine rebellion, elle veut sortir avec ses amis, s'amuser, s'habiller à la mode et entre fatalité et lutte, elle choisit de se battre, d'assumer ses choix et même de fuir.

Le monde derrière la porte parle de liberté, de convictions, de valeurs, de choix, de croyance et de conscience. On a beau savoir que cela existe, c'est toujours un choc que de se retrouver vertigineusement confronté à des extrémistes religieux.

Argentina, Argentina... / Christophe Léon. Oskar, 2011



Savez-vous pourquoi mères et grand-mères se réunissent hebdomadairement Place de Mai à Buenos Aires? Après lecture de ce livre, vous n'aurez qu'une hâte, vous renseigner sur leur Association qui se bat pour retrouver les enfants enlevés durant la dictature militaire en Argentine, il y a à peine quelques décennies de cela. Tous ces disparus, ces enfants confiés à de nouvelles familles, ces enfants nés en prison et dont on ignore ce qu'ils sont devenus.

Christophe Léon choisit lui donner la parole à Ignacio (né Pablo), jeune adulte mais enfant victime de cette brutalité humaine. Pendant 3 jours, nous suivons l'interview qu'il accorde à un journaliste français et à qui il raconte pudiquement son histoire en posant des questions essentielles : peut-on survivre a tant de barbarie ? peut-on se construire en ayant pour parents adoptifs les tortionnaires de ses parents biologiques ? cetta adoption n'a t-elle pas été une opportunité ?

Vous l'aurez compris un récit au réalisme poignant qui réveille et secoue les consciences, et dont on ne sort pas indemne.

  

Coeur en braille / Pascal Ruter. Didier jeunesse, 2012

Une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres.

Notre héros d'abord : Victor. Elève plutôt en bas de l'échelle, adepte de la confusion de la signification des mots, qui a peu d'opinion de lui-même et pourtant, un jeune homme trés sensible à l'intelligence du coeur.

Son père :  brocanteur passionné de mécanique et plus particulirement de voitures Panhard

Haïçam : fils du concierge du collège, meilleur ami de Victor, rondouilard qui se gave de loukoums, adepte des échecs, turc au nom égyptien qui fait shabbat (!).

Lucky Lucke : conseiller d'éducation, passionné de courses cyclistes, qui se découvre un réel interêt pour la littérature.

Marie-Josée : celle par qui tout va arriver. Brillante élève, tirée à 4 épingles, cultivée, violoncelliste, amoureuse de Victor (et vice-versa) mais avec un terrible secret : elle est en train de devenir aveugle. Avec l'aide de Victor et la ferme intention de réussir l'entrée au conservatoire, elle veut finir son année scolaire sans qu'aucun adulte ne se doute de rien. C'est alors le début d'une longue aventure....

L'histoire est simple : la vie au collège, les cours, les profs, les petits voyous, un groupe de rock dans un garage, une histoire d'amour..... Mais il est aussi question de l'échec scolaire, de handicap, d'amitié, de famille monoparentale, .... le tout sur un ton incisif, aussi drôle que touchant.

Bref, tout ça mit bout à bout nous donne un bouquin qui fonctionne bien !

Fanfan / Marie Sellier et Iris Fossier. Editions courtes et longues, 2012.

 Fanfan l'éléphant vit plutôt bien, depuis toujours, au milieu des autruches. Ne lui demandez pas pourquoi il fait partie de cette famille-là et pas d'une autre, c'est comme ça ! D'ailleurs, il ne se sent pas éléphant, il n'en a jamais vu.

Les autres animaux de la savane ne l'entendent pas de la sorte :  Fanfan est un éléphant et pas une autruche. Un éléphant ? Fanfan part alors à la recherche de ses congénères, et plus largement en quête de son identité...

Mais sa famile est-elle celle a qui il appartient depuis toujours, ou celle qui lui ressemble ? Famille de coeur ou famille de sang ?

Superbe album en beau papier crème épais, dans un grand format à l'italienne et aux illustrations fort réussies : des gravures et des aquarelles dans des tons de bleu profond, de gris et d' or font de ce livre aussi, une jolie oeuvre d'art.

Azami : le coeur en deux / Marc Cantin et Isabel. Nathan, 2012

Quelle déception !

Je trouvais la couverture attrayante, le thème exploitable et intéressant : une jeune japonaise découvrant Paris. Mais malheureusement on se retrouve face à une histoire bien trop simple. Comme si les auteurs avaient voulu cumuler un maximum de clichés, à la fois sur le choc des cultures et l'adolescence, sans qu'il y ai réellement de substance.

Les personnages principaux (Azami la japonaise et Myo la française) sont quant à eux archi-stéréotypés,  frôlant de très prés la caricature.

Seule la grand-mère japonaise et ses croyances apporte un peu de pep's à ce livre dont le thème aurait mérité mieux.

Coinçé / Oliver Jeffers. Kaleidoscope, 2011.

TOUT A COMMENCE quand le cerf volant de Floyd s'est pris dans les branches d'un arbre. Pour le décoincer, Floyd a décidé de lancer sa chaussure. Mince ! Elle est restée coincée elle aussi.

Alors Floyd a jeté son autre chaussure  : même cause, même effet !

Alors Floyd est allé chercher Mitch, son chat  : c'est bien connu les chats ne restent jamais coincé dans les arbres, ....quoique ...

Vous l'aurez compris, l'imagination de Floyd est sans commune mesure et l'arbre va se vêtir de bien de choses incongrues (échelle, évier, porte d'entrée, orang-outan...). La situation devient alors démesurément absurde. Floyd s'entête, et les solutions qu'il envisage sont toutes exagérement improbables.

Du grand n'importe quoi qui rend cet album épatant de drôlerie.

Soixante choses impossibles a faire avant le déjeuner / Harriet Russel. Les Grandes Personnes, 2011

Un inventaire surréaliste de propositions farfelues :
            "si vous plantez un  oeuf, poussera-t-il un arbre à omelette ?",
            "savez-vous faire du jus d'orange avec un pierre ?"
ou de réflexions trés sérieuses
           "est-il possible d'arrêter le temps ?"
           "comment trouver le milieu de nulle part ?",
 et des dessins ouvrant la porte de l'imaginaire (difficilement reproduisables ici), ......

Bref se plonger dans ce livre c'est se poser des tas de questions et éveiller les esprits curieux de 7 à 77 ans !
Et comme la fin de quelque chose est toujours le début d'autre chose, il suffit de tourner la dernière page pour recommencer le livre du début !

Ma / Louis Atangana. Rouergue, 2012.

Au coeur de l'Afrique, Félix vit à l'écart du village, étouffé par sa mère et inspiré par Jonas, qui lui offre la possibilité de rêver d'ailleurs en s'évadant par la lecture, l'éducation et l'espoir de quitter son village. Mais Ma Eleonore veille toujours sur son fils et le retient bien jalousement auprés d'elle, dans une relation fusionnelle (dont on comprend la raison au fil de la lecture).

La rencontre avec la farouche Magali, jeune fille étrange et stigmatisée par les villageois va être un tournant dans la vie de Félix qui va être tiraillé entre deux femmes au caractère bien trempé : sa mère, à qui il n'ose s'opposer, et Magali a qui il a promis d'accomplir ses quatre volontés.

Dans un style trés poétique, des phrases courtes et une belle écriture, ce livre est bien plus qu'un roman, c'est un conte initiatique. Il faut prendre le temps de le lire et se laisser porter par la lenteur de la narration pour l'apprécier dans sa totalité. On n'aime ou on n'aime pas, mais la qualité est là.

La meilleure nuit de tous les temps / Séverine Vidal, Rouergue, 2012.

-"Quand on tombe amoureux, on tombe pas vraiment. On s'envole."

Voilà ce qui est arrivé à Raphaël, le jour de sa rentrée en sixième, lorsqu'il a croisé la belle Colombe. Il en est raide dingue ! Et par chance : c'est réciproque!

Oui, mais voilà, ce n'est pas du goût des parents.

Alors, tels Roméo et Juliette, notre charmant petit couple, va  regorger d'idées et, avec la complicité du grand frère, organiser une escapade amoureuse pour vivre "la meilleure nuit de tous les temps".

Un roman bon enfant, un amour fou et sincère sans être fleur bleue. Juste deux pré-ados frappés par l'inconscience et l'audace des amoureux.

C'est bourré d'humour, de naïveté et de sentiments. Le ton est trés juste, sans niaiserie aucune.

Un joli moment de lecture.

L'étrangleur du 15 août / Sandrine Beau. Oskar, 2012

Le WE du 15 aout s'annonce bien long pour Thomas qui est coincé chez lui, pour cause de mauvaise chute et de jambe au plâtre. Pas la peine d'imaginer suivre sa mère, Juliette, guitariste dans un groupe de rock, qui donne un concert ce soir ; ni même envisager de rejoinde les copains alors qu'il faut descendre 4 étages sans ascenseur !
Prenant son mal en patience, entre écran télé et petit dej' tardif, Thomas se voit bien 'glander' tout le WE.
Mais c'est sans compter sur l'imprévu, et notamment sur ce cri provenant de la rue  : une femme est en train de se faire étrangler sur le trottoir d'en face. Thomas intervient de vive voix, appelle les flics à la rescousse, se fait repérer par l'étrangleur et devient alors un témoin gênant ...

C'est un petit polar court et bien sympathique que voilà, tant l'auteur ménage bien le suspens et fait monter progressivement la tension et l'angoisse. Ca se lit vite et ca ne s'oublie pas...

Etoiles : Simonetta Greggio. Flammarion, 2006.

Tout sourit à Gaspard, jeune et talentueux chef étoilé, qui embarque direction New-York pour recevoir un prix  (the "World’s best chief in the artistic category"). Malheureusement refoulé à la douane de l'aéroport, il rentre chez lui et retrouve sa femme ("une blonde à particule") au lit avec son associé.

Fuyant la situation, il roule vers le Sud et, par un heureux concours de circonstance, se retrouve derrière une buvette a faire des casse-croute ensoleillés pour les promeneurs de passage. Il redécouvre alors l'essence même de son art, ses racines et ses valeurs et fait la rencontre de Stella, qui a un rapport conflictuel avec la nourriture. Petit à petit, du mieux qu'il peut, il va alors tenter de l'apprivoiser.

"Stella adorait quand Gaspard faisait fondre dans un gaspacho des glaçons aux feuilles de basilic. Et, quand elle avait de l'appétit, il lui composait des nourritures plus consistantes, jouant sur des associations de saveurs simples: des rondelles de pommes de terre tièdes sur lesquelles il avait amoureusement déposé des pétales de truffe...."

 

La trame n'est pas exceptionnelle mais malgré tout ça se savoure trés simplement.

C'est un livre qui sent bon la Provence à la saison chaude, les bons petits plats et l'amour.

Les liaisons culinaires / Andréas Staikos, Babel, 2007.

Voilà un curieux roman entrecoupé d'intermèdes culinaires présentant des recettes (grecques, bien sûr !).

Nana a deux amants : Dimitris et Damoclès. Elle les aime autant que les bons petits plats qu'ils lui préparent. Une soirée chez l'un, un déjeuner chez l'autre, tout est d'autant plus facile qu'ils sont voisins de palier. Ce n'est qu'au fil des pages que les deux hommes découvrent qu'ils sont l'amant de la même femme. Ils rivalisent alors de talent et d'imagination  pour gagner sa préférence tout aussi bien avec des plaisirs gastronomiques qu'avec les délices de l'amour.

Un marivaudage amoureux classique dont on peut facilement imaginer une adaptation théâtrale : la femme est fatale, les amants, a la fois complices et rivaux, sont pitoyables de faiblesse, les plats sont rafinés et le ton est léger.

..... On lit les petits légumes qui se colorent et on entend la viande rissoler... Ca sent bon les épices, les aubergines, les dolmas et les Keftedes ... et tout le reste importe peu, tant la cuisine est si délicieusement écrite.

Les invités / Pierre Assouline. Gallimard, 2009.

'MadameDu ' est une habituée de l'organisation de repas mondains dans le 7° arrondissement de Paris. Pas d'impair : plan de table, menu et décoration différents à chaque fois ; la perfection absolue.

Sauf que ce soir, un grain de sable sème le trouble dans les rouages de cette soirée où tout est minutieusement cadré. Suite à un désistement, les voilà 13 à table. La situation est désespérée et 'MadameDu' au bord de la dépression (enfin, surtout Marie-Do, l'invitée superstitieuse). En dépit des règles de bienséance, Sonia, l'employée de maison est invitée à table. Cela n'est pas banal et la pauvre Sonia (de véritable identité Oumelkheir Ben Saïd) vit alors une situation délicate où les préjugés, l'arrogance et les maladresses des invités vont bon train jusqu'à ce que Sonia retourne la situation en sa faveur et que chacun dévoile sa vraie nature.

Un huis clos trés lent  où il ne se passe finalement pas grand chose d'imprévisible. Les personnages sont trés stéréotypés et les dialogues formatés. 

Heureusement, ça se lit vite donc je n'ai pas perdu mon temps à consacrer d'interminables heures à sa lecture.

Ferdinand et Joséphine / Petr Horacek. Phaidon, 2012

 Les histoires d'amour ne commencent pas toujours bien, mais se concrétisent souvent pas une belle pièce montée. Ferdinand et Joséphine n'y coupent pas.

Sur le trognon d'une belle poire, pas de notion de partage pour ces deux là. Et de chamaillerie en bagarre indémélable, ils se trouvent bien obligé de s'entraider et de faire un bout de chemin ensemble ; tant et si bien, qu'ils n'ont plus envie de se séparer.

Entre coups de crayons et collage, une jolie histoire particulièrement bien illustrée, qui se laisse, tout en douceur, se raconter.

Les vers de terre mangent des cacahuetes / Elisa Géhin. Thierry Magnier, 2012

Avant, les chats mangeaient les oiseaux qui mangeaient des vers de terre qui mangeaient des cacahuètes. Bref, tout était en ordre.

Jusqu'à ce qu'un chat mange un chat qui avait mangé un oiseau qui avait mangé un ver de terre qui, trés énervé, avait déjà mangeait un chat.

Vous suivez ?

Et alors là ....... on perd tout contrôle de la situation. Voilà la chaine alimentaire bien mis a mal.

Mais le plaisir de la narration de cet album est tel, que l'on se régale de ses répétitions, de sa drôlerie, de son absurdité et de ses illustrations qui éclatent de couleurs sur de grandes doubles pages.

Du meilleur effet, dés qu'on le lit à voix haute !

Le crafougna / Stéphane Servant, Anne Montel. Didier Jeunesse, 2012

Connaissez vous le Crafougna ? Non ? Mais si, ....bien sûr ...

Gris, grincheux, vélu, le Crafougna  rentre sans bruit dans la maison, le plus souvent le dimanche soir. (Vous voyez, je vous l'avez bien dit que vous le connaissiez !!!) Et l'air de rien, il s'impose au sein de la famille et gagne tout le monde : "et crafougni, et crafougna..."

Et voilà ; lundi matin c'est papa qui est de mauvaise humeur, "et crafougni, et crafougna..."

Puis c'est maman qui est devenue toute grise et qui a passé sa soirée à crafougner.

Et le jeudi tout le monde est ronchonchon, le Crafougna a contaminé tous les membres de la famille. Et oui, le Crafougna est contagieux ! L'atmosphère est toute grise, comme le Crafougna.

Heureusement,  le Crafougna peut être chassé et disparaitre aussi vite qu'il est arrivé. Si, si, je vous jure, il suffit d'un petit rien, un peu de determination, de dynamisme et de courage, et allez ouste, fini le Crafougna !!!

Plein d'humour et de réalisme, un chouet' livre anti déprime

( bon, ben je vais le lire plusieurs fois car c'est temps-ci, c'est plutôt "et crafougni, et crafougna..." )

Le nazi et le barbier / Edgar Hilsenrath. Points, 2012.

Tellement corrosif et absurde, c'est un livre impensable que voilà !

Et pourtant, sous des dessous d'humour (trés) noir, le sujet de fond et les questions soulevées ne sont pas anodines puisque ce livre traite de l'holocauste.

Max Schulz est né le même jour que son voisin Itzig Finkelstein. L'un aryen, l'autre juif vont devenir les meilleurs amis du monde, mais l'arrivée au pouvoir d'Hitler va changer bien des choses. Max Schulz va s'engager, par opportunité plus que par conviction, auprés des SS et c'est sans problème de conscience qu'il va abattre des juifs. Et quand le vent tourne à la fin de la guerre, c'est toujours sans culpabilité, ni morale qu'il va prendre l'identité de son ami, mort dans les camps, pour devenir plus juif que juif (sioniste fanatique), combattant pour l'Israël.

Ce personnage est monstrueusement effrayant !

Sans forcément être séduite par ce roman, une chose est sûre, le texte est tellement provocateur que je ne l'oublierai pas facilement.

Café Lovely / Rattawut Lapcharoensap . Point, 2009.

Un nom d'auteur imprononcable, une jolie couverture...sept nouvelles sur la Thailande.

Sept  nouvelles qui parlent de relations entre individus (Thaï/farangs, mère/fils, amis, ...) qui m'ont malheureusement peu emballées. Pourtant chacune d'entre elles présente des personnages attachants, mais la brieveté du genre me laisse sur ma faim....

Les visages / Jesse Kellerman. Point, 2011.

Ethan Muller, galeriste new yorkais, ne se doute pas qu'en exposant des tableaux découverts dans un appartement abandonné et représentant d'innocents portraits d'enfants,  il mettrait le doigt dans un histoire obsédante où lui même serait impliqué. 

L'exposition est un succés mais le mystérieux artiste a disparu. McGrath, policier à la retraite croit alors reconnaître les visages d'enfants victimes de meurtre irrésolus 40 ans auparavant, et ressort ses dossiers.

La construction de ce roman est assez géniale  :  on jongle avec les époques, on assemble peu à peu les pièces d'un puzzle, on se sent parfois manipulé et ce n'est réellement qu'au dernier chapitre que tout le noeud est élucidé.

Un bon roman captivant dont l'intrigue est impeccablement bien construite et où rien n'est laissé au hasard.

Bons baisers de Cora Sledge / Leslie Larson, 10/18, 2011.

Cora, 80 ans sonnés,  pesant plus d'un quintal, droguée aux anxiolityques, fumeuse invetérée est placée par ses enfants dans une maison médicalisée pour finir ses jours.

Elle profite alors d'un cahier offert par sa petite fille pour raconter son quotidien mais aussi pour écrire ses mémoires, assez douloureuses d'ailleurs.

Le personnage de vieille dame indigne, ironique, ne machant pas ses mots... prète souvent à sourire, mais malheureusement à trop vouloir forcer le trait, l'auteur s'égare sur le chemin de la crédibilité.

Certes, le moment de lecture n'est pas désagréable mais malheureusement trés prévisible....

Bangkok 8 / John Burdett. 10/18, 2009.

L'inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, surnommé le "flic moine" à la suite d'un séjour dans un monastère bouddhiste, est chargé de filer un marine américain en compagnie de son partenaire Pichaï. Malheureusement ce dernier laissera sa peau au court de la filature et Sonchaï n'aura de cesse alors que de venger 'son frère'.

Dés lors, l'auteur nous plonge dans Bangkok et son huitième district, temple de la corruption et de la prostitution,  ville ancrée dans des traditions et malgré tout tiraillée et confrontée aux opinions pragmatiques d'une agent occidentale du FBI.

Sur son chemin, l'inspecteur Sonchaï croisera des khmers, des chinois, un importateur de Jade, un transexuel, des prostituées ...

Mais peu importe si le trait est parfois forcé, ce roman n'en reste pas moins trés prenant.

(Lu durant mon séjour dans cette ville grouillante, cela m'a surement aidé à me repérer et à me plonger entièrement dans l'ambiance de ce roman)

Désaccords mineurs / Joanna Troloppe.Editions des deux terres, 2012.

La crise cardiaque qui emporte Richie bouleverse sa famille.  Le décés soudain bien sûr,  mais surtout ce qui s'en suit :  le testament et le partage avec sa première femme et leur fils,  à qui il a légué en secret son piano et ses droits musicaux.

Pour Chrissie et ses filles, le monde s'écroule. Seule Amy, la cadette, essaye de prendre les choses en main d'appaiser la situation et d'établir un lien avec 'l'autre famille'.

Mais que l'on se rassure tout est bien, qui fini (trop) bien !

La Madeleine de Proust / Betty Bone. Courtes et longues, 2012

C'est une prouesse de mettre en album jeunesse, trois passages clés directement inspirés (et même plus) de l'oeuvre de Marcel Proust 'Du côté de chez Swan'.

L'idée est simple mais excellente !

Il y a bien sûr l'épisode de la Madeleine, mais aussi le Drame du coucher et la rencontre avec Gilberte.

Comme une mise en bouche pour (re)découvrir cet auteur et avoir envie de se plonger dans son oeuvre.

L'illustration trés abstraite et trés compréhensible, illumine, comme par magie, le texte original.

Une vraie réussite.

Bonsoir porte manteau ! / Aurélie Guillerey. JBz & Cie, 2010.

Trés peu de texte pour cet album d'Aurélie Guillerey (décidément une illustratrice que je découvre ces temps ci !).

Un acteur principal : le portemanteau, spectateur, en cette fin de journée, de tous les habitants de la maison qui rentrent chacun leur tour et se défont successivement, et chacun selon son style, de leurs vêtements et accessoires.

Le simple objet inanimé aux patères et jambes de bois, attifé de tous ces parements, en profite alors pour prendre vie......

Des illustrations aérées, vitaminées par des couleurs acidulées, et une mise en scène minimaliste donne à cet album un petit côté rétro trés amusant.

Salam Ouessant / Azouz Begag. Albin Michel, 2012.

Entre pluie de Bretagne et soleil algérien, Azouz Begag nous propose une chronique familiale pleine de nostalgie, de charme et de justesse.

Suite à son divorce, un père amène seul ses filles en vacances d'été sur l'île d'Ouessant. Une semaine hors du temps, où les filles souffrent du "mal de mère" et où lui, se débat tellement pour assurer le lien père/filles, qu'il perd pied.

Son esprit divague et c'est l'occasion de faire un point sur sa vie :   ses origines maghrébines, ses souvenirs d'enfance, son rôle de père...

Saura-t-il de nouveau se sentir aimé ?

Un bon moment de lecture, rapide et accesible, à glisser dans son sac de plage.

Les enfants sont méchants / Vincent Cuvelier. Gallimard jeunesse Giboulées, 2012

C'est bien connu, les enfants sont des êtres impossibles qui ne prêtent pas leurs jouets, ne mangent pas les épinards, font crier papa et maman, dessinent sur les murs, ne disent pas bonjour à la dame, .... et il faut vraiment se méfier de ceux qui ont l'air gentil : c'est tellement rare ! 

Ca sent le vécu tout ça !

 Et c'est surtout admirablement bien décrit par la plume ironique de Vincent Cuvelier et les dessins désuets d'Aurélie Guillerey.

Un album à proposer, comme excellente psychotérapie, aux parents débordés.....

;-)

Le mardi sur son 31 #9

 "Le portable vibre : c'est un message de papa indiquant qu'il a une réunion trés tard ce soir, et que, peut être même, il se pourrait que ça se prolonge tellement qu'il sera obligé de dormir au bureau, ils ont des lits d'appoint, ne t'inquiète pas, il y a de quoi manger au congèle, couche-toi tranquillement, appelle moi au moindre probème et, demain, on décide une fois pour toutes à quel club on tinscrit, parce que c'est pas possible, ces journées entières à glander. On est d'accord, Maxence?

Touche trois.

 Message effacé."

in Opération Gerfaut / Luc Blanvillain. Quespire, 2012

Commentaire  : C'est trop dur, l'adolescence !!!!

Ava préfère les fantômes / Maïté Bernard. Syros, 2012.

Alors que ses parents entament une procédure de divorce, Ava est envoyée pour les vacances, sur l'île de Jersey. A peine arrivée dans le manoir de son oncle, Ava se trouve nez à nez avec le cadavre de Billie. Ressurgit alors ce don qu'elle est la seule a savoir qu'elle le possède : elle peut voir et parler aux fantômes. Dés lors ses vacances vont prendre une autre tournure.

Dans cette atmosphère, Ava va alors se lancer dans une enquête so british (entre tasse de thé et clerc de notaire) où se mêlent des fantômes omniprésents, une croix qui a été déplacée, un trésor qui est exposé, un Vicking muet au fond d'une grotte et des vivants, soucieux de ne pas trop en dire sur leurs actions pendant la Seconde guerre mondiale.

Un huis clos au flegme britannique, d'importantes références historiques, de nombreux rebondissements, la multiplication des personnages secondaires souvent peu exploités  et des révélations finales peu surprenantes m'ont parfois un peu perdu dans ce récit qui pourtant partait d'une base interessante et faisait preuve de modernité avec son héroïne attachante et trés mature.

L'ami de toujours / Xavier Mauméjean. Flammarion, 2011

David est un jeune geek qui part tenter sa chance à New York chez Eidetic, producteur de jeux vidéo. Mais alors qu'il s'apprête à monter dans l'avion, il croise son ami Richard. Retrouvailles dérourantes, puisque Richard n'est pas réellement un être humain, mais l'ami imaginaire qui accompagnait David pendant son enfance.

Entre réalité et virtuel, nous sommes alors entraînés au coeur du journal intime de David où s'emmêlent ses pensées entre doutes, souvenirs et interrogations.

J'ai rapidement soupçonné le lien qui unit Richard et David, du coup je n'ai pas trouvé un grand intérêt au récit. Et enfin, quand le mystère est dévoilé,  tout s'enchaine trop vite. Et les dernières pages sont confuses et complexes.

La lecture n'est pas désagréable mais le livre ne restera pas dans mes annales.

Le mardi sur son 31 #8

"Il voudrait pouvoir se refugier dans les bras de sa mère, comme avant, quand il n'avait pas de père, quand il n'y pensait même pas vraiment."

in Mon père est américain de Fred Paronuzzi

Léo découvre par hasard l'existence de son père. A 16 ans, c'est pas évident, surtout quand son père est en prison aux Etats Unis et attend son tour dans le couloir de la mort.

                                                                                        [stratégique la page 31 ! c'est justement quand Léo apprend cette nouvelle]

Une relation épistolaire va alors naître entre le père et son fils.

J'ai découvert Fred Paronuzzi, avec Un cargo pour Berlin. Ici encore, je suis séduite par ce roman qui sonne juste. Les lettres échangées sont emplies à la fois de passion, de franchise et de retenue.

Je regrette par contre les éléments secondaires : le meilleur ami homosexuel, la première expérience sexuelle, l'organisation d'un anniversaire trop parfait, ..... le livre serait tout aussi bon sans ces éléments qui, pour moi, n'apportent rien, tant l'essentiel du récit se concentre sur la relation père/fils.