La vie rêvée des grands / Géraldine Barbe. Le Rouergue, 2015.

Rose est une jeune pré-ado lunaire et  rêveuse. Sa vie est un grand tiroir secret, dans lequel elle cache une frère imaginaire, un sphinx, un canard et même un amoureux. Un garçon, un peu comme elle, qui n'ose même pas la regarder.

Dans sa tête, Rose réfléchit beaucoup et pense que quand elle sera grande tout sera beaucoup plus simple et évident.

Quelle intelligente petite fille que voilà ! Ses théories sont parfois si développées et imagées qu' il ne faut pas perdre le cours de ses pensées.

Alors, on ne peut qu'être touché par la maturité et la subtilité de Rose, à la fois si différente et si attachante.

Un petit livre, sous forme de monologue intérieur, fort en considérations mais à mon avis pas si facile à aborder pour le jeune public. 

Ca se tente ...

Retrouver l'avis de 

ma copinaute Pepita

Accident ? / Amélie Billon Le Guennec. Oskar, 2015

D'emblée, nous nous retrouvons coincés sur une falaise, accrochés aux pensées de Lise.

La jeune fille ne se souvient absolument pas comment elle est arrivée là. Où sont ses amis ? Où est son vélo ? Comment va -telle s'en sortir ?

Rapidement, elle va décider que cette situation est une manigance de son beau-père qu'elle déteste. 

Si on sent rapidement que Lise va s'en sortir et que l'on ne craint rien pour elle, la dernière page tournée, on ne sait toujours pas ce qui s'est passé : jalouse, Lise a t-elle fabulé  ou a -telle eu raison d'accuser son beau-père ? Ce récit est-il réel ou un délire sur un lit d'hôpital ? Un meurtre a -t il réellement eu lieu ? Etait-il prémédité ? Qui en est l'auteur ? 

Une fin toute en incertitude, mais à mon avis, complètement maîtrisée par l'auteur.

Particulièrement bien construite, elle tourmente le lecteur et lui laisse d''agaçantes considérations dans la tête.

Déconcertant...

Au voleur ! / Michaël Escoffier et Pishier. Les 400 coups, 2016

Il était une fois, une vache qui avait perdu ses cornes, un éléphant qui recherchait sa trompe, un zèbre qui n'entendait pas grand chose car on lui avait pris ses oreilles, un lion qui n'avait l'air de rien sans sa queue...bref, c'était la panique chez les animaux rassemblés.

Quand passa devant eux, bizarrement accoutré, un drôle de petit bonhomme au pas décidé.

Vite , tous à sa poursuite ! Les animaux sont bien décidés à récupérer le petit bout de ce qui leur manque. 

Mais ... PATATRAS,...

Voilà un petit cartonné pétillant  : des illustrations pleines de pep's et très expressives, un texte court et accrocheur, une situation rocambolesque ... de quoi forcément séduire et amuser les plus petits. 

Alors ? La vache retrouvera t-elle ses cornes ? 

Comme d'habitude que d'amusement avec Michaël Escoffier  !

Tout ce que j'ai déjà lu (et aimé !) 

de Michaël Escoffier

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous / Nathalie Stragier. Syros, 2015.

Whaouah, il y en a  de l'action dans ce livre !

Les événements, les rebondissements, les coups du sort, les revirements de situation s'enchaînent sans que l'on ai réellement  la possibilité de souffler.

Au départ, le postulat est simple : Pénélope, une fille du futur revient en 2019 (dans le passé) et se lie d'amitié avec Andréa. Mais les 2 filles ne sont pas vraiment sur la même longueur d'ondes...

Alors forcément, cela entraîne, des cocasseries, des décalages, des bouleversements.. assez drôles...mais pas que....

Parce que sous un faux air de légèreté, finalement, cet étonnant scénario nous pousse à réfléchir sur notre époque et nos considérations. Le discours de "Pénélope-l'envahissante" peut paraître plein de préjugés mais il laisse surtout la place à une  forte pensée féministe.

Hyper rythmé, ce roman fonctionne, forcément ! 

Et  pourtant, je n'ai pas toujours réussi à passer outre la "comédie divertissante". Embrouillée parfois par les multiples péripéties, ennuyée par des personnages secondaires relégués au fin fond de l'intrigue, ... j'ai parfois eu du mal à avancer. 

Mais j'en conviens, les ados y trouveront leur compte ! 

Alors Pénélope repartira chez elle ? Repartira pas ?

Les tribulations d'un stylo plume / Gwladys Constant. Alice editions, 2015

Voilà un exercice de style assez singulier ! 

De chapitres en chapitres, on suit les aventures d'un stylo plume perdu, volé, oublié, ... qui passe de mains en mains. 

Tour à tour il se retrouve à rédiger des devoirs, noter une liste de courses, signer au bas d'un acte de mariage, écrire une carte postale ... 

Une succession de tranches de vie assez brèves qui demande de la concentration au lecteur qui suit ce stylo au hasard de son voyage.

J'ai lu ce livre comme un jeu, comme un puzzle qui se construisait sous mes yeux.

Entre deux propriétaires, tout n'est pas expliqué, du coup c'est plutôt amusant d'essayer de deviner ce qui c'est passé.

Et c'est de la forme dont je me souviendrais, un travail intellectuel très intéressant !

Ce que j'ai lu de 

Gwladys Constant

Un éléphant à New York / Benoît Broyart et Delphine Jacquot. Seuil, 2015

Il est beau, il est grand et il s'impose sur toute les pages.

Quel bel éléphant !

Au petit matin John l'a trouvé devant chez lui et si personne n'a voulu croire à la visite d'un éléphant dans les rues de New York, John lui s'est accroché à cette possibilité comme pour pimenter son quotidien d'enfant timide et solitaire. 

Ensemble il sont partis déambuler dans les différents quartiers de la ville, sans que cela n'étonne personne. Au milieu des grandes illustrations foisonnantes et colorées, les visages impassibles nous transposent dans une ambiance à la fois imperturbable et étrange.

Et au milieu de tout cela, John poursuit son rêve et se réconforte dans son imaginaire.

A mi-chemin entre rêve et réalité, entre turbulence et apaisement, cet étonnant album surprend à la première lecture et nous transporte finalement dans une aventure quelque peu merveilleuse, pleine de sagesse et de bienveillance.

Soyez curieux, lisez-le !

Aussi loin que possible / Eric Pessan. EDL, 2015

Comme ça, ça leur a pris.

Sans raison.

Ils se sont mis à courir.

Ensemble. Antoine et Tony.

Un pied devant l'autre, une foulée rapide puis régulière.

Ils ont passés le centre-ville, sont arrivés vers la zone industrielle, ont franchi le périf', ont traversé la zone résidentielle ... et ils ont continué.

Comme ça, sans savoir qu'ils ne s'arrêteraient pas.

Leurs jambes avançaient, les paysages défilaient,  leurs coeurs battaient et leurs souffles rythmaient leur course.

Au début c'était un jeu, puis petit à petit, leurs têtes se sont mises à travailler et à nous expliquer ce qu'ils fuyaient.

7 jours durant, leur course devient alors une raison, un enjeu social et politique qu'ils veulent maîtriser de bout en bout.

Voilà un roman singulier qui nous emmène Aussi loin que possible, pris par un élan spontané de vivre sa vie plutôt que de s’y soumettre.

Un beau roman initiatique où la colère gronde.

Un roman assez intimiste qui nous propose une envolée libératrice l’espace d’un instant.

Et c’est sûrement pour cette fraîcheur et pour cet espoir fragile qu’à mon goût, la fin aurait méritée d’être moins perceptible.

Une belle écriture et un beau texte toutefois !

Retrouvez l'avis de 

ma copinaute Pépita

Si tu m'avais raconté / Marie Sauzon. Oskar, 2015.

Ce roman est un récit croisé entre Chloé, jeune collégienne en vacances en Ardèche et Manuel, son grand-père.

On se doute bien que leurs destins vont se rencontrer, que la thème de la transmission est sous-jaçent, mais ce roman réussi aussi le pari de nous embarquer profondément dans une histoire familiale engagée et douloureuse.

Ancien combattant républicain espagnol, Manuel trimbale avec lui tous ses souvenirs de la guerre civile, son exil en France, les camps d'internement, la construction d'une nouvelle vie et l'espoir d'un retour dans son Andalousie natale.

Chloé, elle, respire le sentiment de liberté, l'insouciance, la joie de travailler aux champs et la douceur d'un été ensoleillé. 

Grâce à deux personnages, deux vies, une histoire héréditaire, ce roman témoigne de l'essentiel sur une période historique pas si lointaine et géographiquement proche de nous.

Une lecture intéressante, rythmée et dont on apprécie l'hommage à tous ceux qui ont lutté pour la liberté.

Un roman bien mené et plutôt réussi.

Le seul et l'unique Yvan / Katherine Applegate. Seuil, 2015.

Ivan est un singe résigné. 

Un "dos argenté" qui a passé toute sa vie derrière la vitre d'une cage malpropre dans une ménagerie d'un centre commercial. Si au début sa présence a attiré les foules, aujourd'hui l'ambiance est glauque, le public a déserté le lieu, l'entretien n'est pas parfait.

La vie d'Yvan se résume aux longues journées partagées avec Stella, une éléphante blessée à la patte et Bob, le chien errant : un triste trio d'infortunés !

Puis arrive Ruby, un jeune éléphanteau que les anciens vont prendre sous leur aile en essayant de lui offrir un avenir relativement meilleur.

Un roman très accessible sur la maltraitance animale et plus largement une réflexion sur le rôle de l'Homme.
Pourtant, il n'y a pas de culpabilité, pas de rancoeur, et bien au contraire Ivan nous transmet de forts  messages sur l'amitié et l'humanité.

Finalement, malgré une petite appréhension, un texte qui a pas mal de profondeur, une histoire qui se dévore par sa justesse et sa sensibilité ; et pour moi, une étonnante surprise.