29 nov. 2015

La belle rouge / Anne Loyer. Alice editions, 2015



Elle s'appelle Marje, et depuis 25 ans conduit un gros poids lourd rouge.
Il s'appelle Kader, tout juste ado, et par une porte restée entrouverte s'est glissé dans la cabine de "La belle rouge".
Deux fuyards paumés, un derrière le volant et l'autre sur le siège passager, pour une unique traversée de la France.
Il se provoquent, se questionnent, s'évitent, se taisent, se replient dans leur tristesse et leur désarroi pour finalement mieux se racommoder ensemble avec la vie.

On les aime de suite, Marje et Kader et leurs existences bancales et boiteuses : deux étrangers, aux deux histoires inversées, finalement si proches et si bienveillants.

J'aime quand l'écriture d'Anne loyer se fait , comme ça, sensible, profonde et pudique.  Avec elle, on tombe doucement dans une agréable intimité et on voyage dans l'arrière de la cabine, tel est un spectateur silencieux, soulagé par la promesse finale d'un espoir évident : 
- Le passé n'écrit pas forcément l'avenir. 

-Elle est jolie cette phrase, je la comprends pas trés bien, mais elle sonne bien.
- Le passé n'écrit pas forcément l'avenir.
-Oui.. Ca veut certainement dire que c'est pas parce que le passé est moche que l'avenir doit l'être aussi."

Merci Anne. 


Retrouvez l'avis de ma copinaute Pepita

11 nov. 2015

Tout, tout sur les toutous / Dorothée de Monfreid. Ecole des loisirs, 2015


Des imagiers, on en connaît !
Oui, mais celui là, il est particulier. Il scénarise le bichon maltais, l’épagneul breton ou le cocker anglais pour mieux rigoler.
Le shih-tzu se retrouve assis sur les toilettes, le teckel enfile sa jupe alors que le Saint Bernard s’active derrière les fourneaux.
 
Tant de mimétisme ! Il y a de quoi en perdre la tête !
 
Un super imagier riche et ludique aux illustrations pleine de couleurs et de bonne humeur dont les mises en scène parfaites n’ont pas fini d’enrichir de manière ludique le vocabulaire des plus petits.
En voilà une bonne idée !
 

8 nov. 2015

La folle rencontre de Flora et Max / Martin Page et Coline Pierré. Ecole des loisirs, 2015

Quoi de mieux qu'une forme épistolaire pour ce roman écrit à 4 mains !

Une correspondance qui se construit petit à petit entre Max, adolescent angoissé qui a choisi de ne plus sortir de chez lui, et Flora, lycéenne derrière les barreaux après avoir agressé une camarade.
Tous deux, dans leur cage, dans leur silence, dans leur inexistence et dans leur intimité nous font partager leurs doutes et leurs espoirs.
Très vite le lecteur se positionne en spectateur, discret et effacé devant l'intensité des émotions, la pudeur parfois, et la peur de les déranger aussi.
Alors, la vie reprend son cours. Dans une entraide mutuelle, grâce à un projet commun, Flora et Max redonnent vie à leur existence respective, jusqu'alors mise en suspens.
Comme un voyage intérieur et intime, ce roman nous conforte dans les pouvoirs prouvés de l'écriture ; véritable outil de délivrance et de renaissance. 
Touchant, lumineux, réconfortant et optimiste, il se lit comme une douceur naïve sur lequel plane un agréable souffle d'anticonformisme et de liberté.

Quelle folle rencontre avec Flora et Max !
(Soyez patients, il sera en librairie dans 2 petits jours -
11 novembre 2015)

5 nov. 2015

L'agneau qui voulait être un loup / Jean Leroy et Bérangère Delaporte. Les 400 coups, 2015

Attention, on ne rigole plus : le bandit El Lobo est en ville et sème la terreur.
Qui osera le défier pour que les habitants retrouvent leur vie et leur  paix ?
L'apprenti-bandit El Pistolero bien sûr !
 
Pas plus haut que 3 pommes, sous son Poncho et son chapeau bien trop grand, Pedro est bien décidé à affronter le terrifiant hors la loi dans un véritable duel ! Si la partie déséquilibrée semble gagnée d'avance, c'est sans compter sur l'union et le soutien des compatriotes !
De quoi carrément remettre en cause la morale de la fable de Jean de La Fontaine !
 
Sur fond de western et d'affrontement, cet album nous amuse : quel énergumène ce petit Pedro !
Un petit régal d'histoire, parfaitement illustré,  parsemée ça et là de références aux héros des contes qui nous font bien sourire !

3 nov. 2015

J' me sens pas belle / Gilles Abier. Actes Sud, 2011

L'histoire d'amour entre Sabine et Ajmal pourrait être belle.

Sauf qu'Ajmal, beau comme un Dieu, est refugié clandestin.
Sauf que Sabine ne comprend pas que cet Apollon puisse se promener à son bras alors qu'elle doute de son physique.
Sauf que Sabine s'est aventurée dans une glauque histoire de sexe qui la suit comme une ombre.
Sauf que son père n'accepte pas cet amour.
Sauf qu'Ajmal a été dénoncé à la Police.

Au delà d'une histoire sur les apparences (comme le suggère le titre) et du récit d'un amour impossible entre deux ados, Gilles Abier aborde les thèmes des réfugiés, de leur précarité et des procédures administratives auxquelles ils se heurtent.
Un récit qui est mené de main de maître en nous faisant douter de la sincérité et de la réciprocité de cet amour et en nous perdant dans diverses pistes.
J'ai aussi retrouvé là l'écriture de Gilles Abier et son style provocant qui ne s'embête pas de fioritures, ni de filtres. Je regrette juste une fin, certes surprenante, quoiqu'un peu trop hâtive.


Retrouver l'avis de ma copinaute Bouma

1 nov. 2015

Janis est folle / Olivier Ka. Le Rouergue, 2015

Janis et Titouan ; mère et fils.
Ensemble, ils ne font qu'un.
Mère fusionnelle instable et bipolaire, Janis entraîne son fils dans ses délires, dans la fuite de sa propre vie et dans sa folie.
En cavale, dans leur épave, ils roulent, ils galèrent, ils errent ... bringuebalés au milieu de la misère et des émotions russes de Janis qui oscille entre extrême euphorie et  sombre désespoir.
Titouan, pourtant habitué, voudrait comprendre, essaye désespérément de la déchiffrer, tente de la rejoindre dans son univers, se rebelle avec rage parfois, mais seule sa mère détient sa propre clé.
Et puis d'un seul coup, Janis change de cap et met un terme à cette déroute en allant à la rencontre de ses origines et en provoquant la vérité. Une vérité tragique, qui serre le cœur et remue l'estomac.

Si la relation mère/fils est parfois dérangeante et que le texte est tout en  dureté et en noirceur, cet amour inconditionnel n'en est pas moins touchant et parfois délicat. Ce lien qui les unit, si authentique et excessivement dévastateur.
 
Un roman sombre, très sombre mais d'une grande beauté.
Un roman qui ne laisse pas de répit.
Un roman difficile à digérer.

Retrouvez l'avis de ma copinaute Pepita