28 févr. 2018

Une histoire d'amour de Gilles Bachelet. Seuil, 2017

Où l'on retrouve toute l'inventivité de Gilles Bachelet  !
A la fois, cette réalité quotidienne et ce petit éclair de folie pour un album unique complètement drôle et terriblement touchant. 

Quelle maîtrise, pour cette chronique d'une histoire d'amour ordinaire qui, sous nos yeux, devient extraordinaire !

C'est la routine pour Georges et Josette et pourtant, dans leur empathie, dans leur petits travers, dans leur affection ils sont terriblement adorables. 
Alors bien sûr, si je vous dis que Georges et Josette sont deux gants de ménage et que cette mise en perspective permet un recul intéressant, vous comprendrez tout le génie de l'auteur.

Une histoire décalée pour s'amuser bien sûr mais derrière cette fantaisie et cette imagination débridée, une reconsidération du bonheur et de la vie comme elle est !

PARFAIT !




26 févr. 2018

La divergence des icebergs : où comment les ours apprirent à nager de Jean-Philippe Basello et Aline Deguen.Thierry Magnier, 2017

A la manière d'un conte qui stimule l'imaginaire, nous découvrons émerveillés comment les ours ont du s'adapter à la fonte des glaces.

Duhbe et Merak sont deux ours amoureux douloureusement séparés quand leur bout de glace respectif s'éloigne l'un de l'autre.
Dérivant vers de nouveaux horizons, chacun cherche à survivre tout en gardant espoir de retrouver sa douce moitié.

Avec cet album, on s'offre un véritable moment d'évasion.  
Tout en légèreté, les auteurs nous livrent une fable écologiste alors qu'une belle histoire d'amour nous fend le coeur. Nous voilà complètement immergés, emportés dans ce monde de silence et captivés par l'immensité de ce bleu profond.

Une belle signature artistique pour cet album très subtil, joliment étoilé, absolument magnifique.



21 févr. 2018

Colorado Train de Thibault Vermot. Sarbacane, 2017

L'écriture est nerveuse, intense.
Les chapitres courts.
Le rythme tendu, angoissant.

Le lecteur est là, impuissant, apeuré, angoissé de vivre l'épouvantable en ayant toujours derrière son dos le souffle du Wendigo ; cette voix lointaine qui glace le sang et  rajoute du malaise aux drames quotidiens déjà bien présents.
Alors le lecteur, immergé dans cette ambiance menaçante, s'accroche aux pages et aux chapitres en s'interrogeant toujours sur la limite fragile entre fantastique et réalité.

Et puis, il y a l'horreur. L'horreur d'imaginer cette bête affamée de chair humaine qui rode sans jamais se dévoiler.
Et au milieu de ce cauchemar, une bande d'amis rudes et courageux enquête sur la disparition d'un des leurs.

Amateurs de sensations, cette lecture est pour vous ! 

Quand l'aventure se fait frisson, cette histoire carrément diabolique mérite une mention spéciale pour son individualité et sa singularité.
C'est tout simplement un premier roman remarquable sur le côté le plus sombre de la nature humaine.

15 févr. 2018

Le doudou des bois d'Angélique Villeneuve et Amélie Videlo. Sarbacane, 2016

Mince ! C'est à l'occasion d'une promenade dans les bois que Georgette à perdu son doudou ! Il faisait bon, les couleurs étaient belles, le doudou sentait bon le dodo ... alors elle l'a posé et puis elle l'a oublié.  
Ce n'est que la nuit venue qu'elle s'en est aperçue mais, courageuse, elle est repartie dans les bois le lendemain pour retrouver son doudou qui lui ferait du bien. Celui qui la réconforterait, qui aurait l'odeur du dehors et la douceur du dedans. Mais elle a beau chercher ... pas de doudou en vue. Alors, pour se consoler, Georgette a décidé d'adopter un nouveau doudou, un doudou qui viendrait du bois, un doudou tout mou, qui ne piquerait pas et qui ne glisserait pas dans les doigts . Et c'est en cherchant bien, derrière un grand chêne, que Georgette l' a trouvé ...

Toute cette histoire, joliment dense, met tous les pêrceptions en éveil. Car si l'histoire du doudou, objet transitionnel est bien connue, ici ce sont les cinq sens que l'on propose aux enfants de cultiver.
Dans cette forêt, on se retrouve vite envoûté par sa densité, par les crissements des pas sur les feuilles d'automne et par l'odeur du sous bois.

Alors cet album, c'est comme une doudou à lui tout seul :  une agréable ballade sensorielle, tendrement bonne avec une légère touche de nostalgie.

13 févr. 2018

Les valises de Séve Laurent-Fajal. Gallimard, 2016

C'est à l'occasion d'un voyage scolaire à Aushwitz que Sarah se trouve chamboulée par un nom de famille écrit sur une valise. 
Dés lors, elle n'a plus qu'une idée en tête : faire  des recherches sur ses origines, sur ce père dont elle ne sait rien, sur cette  famille inexistante, sur ce passé qui, elle en est sûre, n'est pas si simple.

Si elle est bien décidée à interroger sa mère, il n'est pas facile de briser la barrière de silence qui s'est installée entre elles. Sarah va alors se démener seule pour  éclaircir l'ombre qui plane sur son histoire, si proche de la grande Histoire.

Dans cette quête de vérité, Sarah va trouver sur sa route des éléments facilitateurs : une enveloppe cachée, trouvée sans peine, un petit ami follement amoureux complètement dévoué à son aide, un prof d'histoire doué de la généalogie... et finalement la puissance de la thématique s'en trouve un peu oubliée.
Les événements s'enchaînent et rien ne semble émouvoir Sarah qui les accepte sans grande complexité de gestion.

Si la lecture est  agréable, je regrette donc ce manque de surprise et cette perte de sens où les premiers émois amoureux de Sarah prévalent finalement sur le fond historique et la quête identitaire.
Dommage, car la thématique était prometteuse ...

Souvenez vous, 
un livre offert par Sophie 



12 févr. 2018

Dans les yeux de Philippe Jalbert. Gautier Languereau, 2017.

Le Petit chaperon rouge, tout le monde connait. Mais qui a déjà osé voir cette histoire  à travers les yeux du loup et à hauteur des yeux du Chaperon ? 
C'est exactement le pari réussi de Philippe Jalbert qui ne dénature en rien l'histoire originale mais qui nous propose un double regard et une alternance des voix vraiment pertinents. 
De gauche à droite, les points de vue changeants et les illustrations détaillées offrent une dimension troublante  à ce conte classique qui gagne en mystère et en profondeur. 
Et si le texte sait se faire discret, la juxtaposition de verbe, de phrases nominatives sont comme un boulet plein d'impact qu'il faut arriver à encaisser. 

La tension monte et l'insouciance du Petit Chaperon n'y pourra rien.  Le face à face final est aussi brutal qu'angoissant et la dernière page tournée on reste encore surpris de cette mise en scène de toute beauté.

Une adaptation remarquablement bien réussie, dont l'épurement et la pureté n'enlèvent rien à la puissance.


Retrouvez l'avis de
 ma copinaute Pepita

9 févr. 2018

La couleur du vélo de Sandra Le Guen. La Palissade, 2017

Ce noël là, baigne dans une ambiance particulière. Toute la famille est bien réunie autour de la table, papi Moustache fait toujours son numéro pour laisser les plus petits croire encore au père-noël  et pourtant, il y a un grand vide. 
Le vide qu'a laissé papa qui n'est plus là depuis l'été. Tout le monde a beau essayer de faire de son mieux, rien n'est plus pareil. Surtout pour Anaïs qui refuse désormais de voir la vie en rose. Cette couleur est pour elle la couleur interdite, la couleur du passé, la couleur qui lui rappelle quand papa était encore là.

Alors quand vient le moment du déballage, et qu' Anaïs découvre bien le vélo de grande qu'elle avait commandé, elle n'avait pas du tout envisagé qu'il serait ROSE !!! Elle claque la porte et s'enfuit dans le grenier !
C'est alors dans les souvenirs d'enfance de son papa qu'elle va se plonger, dans les bras de sa maman qu'elle va trouver du réconfort et grâce aux qualités de bricoleur de son papi qu'elle va progressivement accepter l'absence et apprécier son cadeau.

Un roman court qui concentre de beaux moments d'émotion et d'espoir. 
Un roman qui parle simplement et efficacement de l'absence, du chagrin et de la vie malgré tout.
Une jolie approche discrete et efficace.


Retrouvez l'avis de 
mes copinautes Sophie et Bouma

6 févr. 2018

Quand j'étais petite ... de Sara O'leary et Julie Morstad. L'étagère du bas, 2017

C'est très étonnant de voir comment un enfant se représente ses parents quand ils avaient son âge ...
Jules feuillette régulièrement l'album photo de maman, mais aujourd'hui il veut entendre des souvenirs, des anecdotes. 
Alors maman lui raconte, aussi petite qu'un liliputienne, comment elle jouait avec ses poupées, quelles étaient ses gourmandises, ses plaisirs, ses passe-temps ... des petits morceaux de son enfance qu'elle se permet de poétiser en quelques lignes pour laisser encore planer le doute et pour ouvrir les portes de l'imagination.

Tout est délicat, un petit peu espiègle et permet de tisser un lien complice entre la mère et son fils. 

Un album charmant, tout en simplicité, comme un geste d'amour tout en délicatesse.

Retrouvez l'avis de ma copinaute Chlopitille

5 févr. 2018

Sauveur & fils, Saison 4 de Marie-Aude Murail. EDL, 2018

Sauveur et fils, saison 4, voila la boucle est bouclée !
On retrouve dans cet épisode tous les personnages qui  nous ont accompagné jusque là 12, rue des Murlins, toutes les histoires qui se sont entrecroisées, les secrets qui se sont révélés et les relations qui se sont nouées.
Pour mettre un terme à la saga, il y est question de culpabilité, de gravité et de vérité. Mais comme toujours avec Sauveur, on apprendra à tout comprendre et tout accepter.
Avec sensibilité et beaucoup d'humour, Marie-Aude Murail continue de nous interroger sur des problèmes universels et de nous captiver en abordant des questions d'actualités.
Et c'est cette proximité, cette authenticité qui nous enchantent, sans aucun doute.
Dans toute cette agitation, entre cabinet de consultation et maison de famille recomposée, on  ne s'ennuie jamais ! On écoute ces ados qui se cherchent, ses parents parfois une peu dépassés, les grandes peines et les jolies joies qui nous rappellent que dans  ce monde rien n'est parfait, nous les premiers !

A consommer sans modération, Sauveur et fils, une série en or !

Mes chroniques des tomes précédents, c'est par ici

Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pépita

2 févr. 2018

D'un trait de fusain de Cathy Ytak.Talents hauts, 2017

Dans les années 90, rien n'était comme aujourd'hui.
Les premiers émois amoureux, le désir, les rapports sexuels  étaient tous entachés par l'épidémie du Sida et l'inaction des pouvoirs publics. 
Dans les années 90, on sortait couverts, on installait des distributeurs de préservatifs devant les pharmacies et seul un petit triangle rose osait défier les autorités.

C'est pendant ces années-là que Marie-Ange et son groupe d'amis découvrent la confusion des sentiments, l'homosexualité, la séropositivité, les préjugés, la peur et surtout la colère et l'engagement.

Très délicatement, comme le traits de fusains qui crissent sur les feuilles de dessin, Cathy Ytak nous parle de sentiments mais aussi de fureur de vivre et d'aimer. 

C'est l'histoire de cinq coeurs qui battent, parfois différemment, parfois à l'unisson. 
Cinq coeurs qui s'offrent à nous avec leur force fragile.
Cinq coeurs doux, insolents, mais toujours battants.
Cinq coeurs qui sont toute la fougue d'une jeunesse palpitante.

Merci à la plume délicate et réaliste de Cathy Ytak, de nous offrir un roman intelligent et indispensable.



Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pépita