31 déc. 2017

Dans la forêt de Okkaido d'Eric Pessan. EDL, 2017

Entrer dans la forêt de Okkaido, c'est accepter d'osciller entre rêve et réalité.

Julie est allongée sur son lit, sérieusement malade, fiévreuse et comme envoûtée par un rêve qui n'arrête pas de se poursuivre chaque fois qu'elle se rendort. Dans ce rêve, Julie porte secours à un jeune japonais qui a était abandonné par ses parents à  la lisière de la forêt. 
Bien  plus que d'être à ses côtés, Julie se confond complètement avec lui : ses délires, ses rechutes, ses pics de fièvre ... coïncident parfaitement avec la déshydratation, le froid, la peur... du jeune japonais. 
"Nous sommes deux dans un seul corps", pense-t-elle, tandis que ses parents s'inquiètent de la voir si faible.
Julie comprend alors très vite qu'elle doit accomplir une mission essentielle, celle de le garder en vie coûte que coûte avant l'arrivée des  secours.

Sous la plume d'Eric Pessan il se dégage un charme indéfinissable autour de ce roman qui prend toute sa puissance lorsqu'on apprend, la dernière page tournée, qu'il est inspiré d'un véritable fait divers. On revit alors avec intensité toutes les émotions, tous les liens qui se construisent en totale symbiose entre ces deux ados.

Un texte vraiment vertigineux qui ressemble à un véritable appel au secours face à une humanité un peu dingue, qui oublie parfois de dévoiler toutes ses subtilités.

Alice qui croit aux anges gardiens et au pouvoir des rêves...


Mes autres chroniques de cet auteur ici.
Retrouvez aussi  l'avis de ma copinaute Pepita


28 déc. 2017

Uppercut d'Ahmed Kalouaz. Rouergue, 2017


Quand on est enfant métisse, né d’un père sénégalais et d’une mère bretonne, on est habitué à lutter contre les remarques  pernicieuses, les  blagues malveillantes et les insultes racistes. 


Cet enfant là, c'est Erwan et lui, il se bat dans le vrai sens du terme, un peu de boxe certes mais aussi une violence à fleur de peau et pas mal de vrais coups.

Pour calmer son impulsivité  et ses réactions, il est alors envoyé dans un pensionnat pour garçons difficiles. Mais après une nouvelle énième fugue, Erwan est  prié de travailler dans un centre équestre pour seconder  le propriétaire. 
Pendant une semaine, ce duo improbable va se chercher, se juger, s’esquiver, se cadrer, se déséquilibrer, se contre-attaquer… comme sur un ring de boxe. Entre scepticisme, incompréhension, racisme et rejet, la semaine sera marquée, entre autre, par la douleur du pouvoir  des mots et des idées reçues.

Mais parce que rien n’est jamais irréversible leurs routes finiront par se rejoindre pour trouver l’apaisement dans le respect.



Comme a son habitude Ahmed Kalouaz  et son écriture douce et poétique, nous offrent une fiction toute en nuance sur l’apprentissage et la tolérance. 
On sait que la colère gronde mais rien ne viendra la nourrir, pour avoir la fierté de sortir de l’impasse la tête haute.


26 déc. 2017

Le jour de l'âge de Raison de Didier Lévy et Thomas Bass. Sarbacane, 2017



Il est un petit peu angoissé Georges : dans 7 jours c’est son anniversaire.

Il aura 7 ans et on lui a dit que c’était l’âge de raison.

Il a peur Georges, peur  de cet âge de raison. 


Qu’est-ce que cela signifie ? Aura-t-il toujours le droit de jouer aux petites voitures ? Deviendra-t-il raisonnable du coup ? Des rides vont-elles commencer à apparaître sur son visage ? A quoi ressemblera-t- il plus tard ?

Chaque jour qui le rapproche un peu plus de la date fatidique fait monter en Georges une angoisse immaîtrisable.

Il a peur Georges, peur de grandir. Il aimerait bien revenir un petit peu en arrière…

Alors le jour J arrive et le compte à rebours  peut commencer …. Et s’il ne se passait rien finalement  ?



Il est plutôt attendrissant Georges ! A la fois inquiet et interrogatif, il nous embarque sans soucis dans son grand questionnement.  Les auteurs arrivent à croquer, avec rythme et douceur à la fois, cette petite inquiétude mais aussi la notion du temps qui passe et l’appartenance à une famille. Les mots sont simples et efficaces, l’illustration joue  sur les couleurs pleines et les crayonnés comme pour donner vie à ce petit bonhomme.



Une histoire quasi philosophique, malicieuse et rassurante.


Alice, qui le trouve craquant ce petit rouquin...

Retrouvez l’avis de mes copinautes 

25 déc. 2017

Swap d'anniversaire ! #11

Pour moi qui suis née tout juste 7 jours avant le petit Jésus (à quelques années d'intervalle, certes !), entre anniversaire et Noël, à chaque fin d'année, je suis bien gâtée !
Et comme A l'ombre du grand arbre nous aimons prendre soin les unes des autres, nous aimons partager nos lectures, nous aimons aussi bien offrir que recevoir... il est des traditions qui ne se perdent pas et le swap-anniversaire n'y échappe pas !


A l'heure où les vacances avaient sonné, c'est un colis qui m'a embarqué à l'autre bout du monde que j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres ! Il suffisait de l'ouvrir pour être transporté au pays du soleil levant ... Whaououououh ! 

De l'esthétique dans l'art d'empaqueter .....

L'ouverture minutieuse, délicate, ... pour ne rien abîmer, tout garder, en profiter ... s'est faite attendre, tant je me suis délectée de la qualité de ces paquets. 


Sous mes yeux émerveillés...
Tout un univers prêt à me faire voyager ! 

De l'art japonais, un lapin tout droit échappé du pays des merveilles, des romans prêts à m'enthousiasmer, une tasse à remplir de thé, des pages à écrire et griffonner  ...il y a dans ce choix tant de promesses à venir !






Merci Céline
c'était vraiment un colis très élégant et très inspiré !


21 déc. 2017

Swap de Noël #10

!!! 10 !!!

Je n'en reviens pas déjà le dixième swap que je partage avec mes copines arbronautes d'A l'ombre du grand arbre !

Un chiffre rond, un rendez-vous immanquable et toujours le même plaisir de découvrir un colis dans la boite aux lettres, de ne pas résister à un déballage en vitesse et de s'émerveiller des trésors dépaquetés.


Le père noël en
traîneau sur la plage ...








**Mon colis est arrivé bien en avance cette année, 

le père-noël avait sûrement peut d'être débordé !**









Des livres qui ont trouvé leur place
 pas loin du sapin !



Pour ouvrir chaque paquet, il suffisait de 

suivre le fil : le fil de la gourmandise, le fil 

des mots, le fil de la vie, le fil de la 

musique, ...

et bien sûr le fil du Pays des merveilles !








Les chocolats sont déjà tous dévorés, le thé " Paul et Virginie" est bien entamé, comme j'ai hâte de me plonger dans ces lectures, toutes réunies autour d'un arbre, symbole de ce qui nous unit !


Merci Sophie, d'avoir pris le temps de penser à moi 
dans ton emploi du temps de jeune et jolie maman !



Et dés lundi par ici
découvrez tous les colis qui ont voyagé   

19 déc. 2017

Rage d'Orianne Charpentier. Gallimard , 2017

D'elle, on ne sait pas grand chose. 
Juste qu'elle s'appelle Rage.

On devine dans son histoire une capture, des bourreaux, une évasion, un arrachement contraint à sa famille et à son pays. 
Depuis cet exil forcé, elle est verrouillée, Rage. Elle vit dans une carapace avec la peur permanente au creux de son ventre.

Tout bascule quand, lors d'une fête, dans un moment de panique, elle tombe nez à nez avec un pitbull à l'agonie, victime de maltraitance de la part de son maître. 
Dans les yeux de l'animal, Rage voit alors, comme dans un miroir, sa propre détresse. 
S'occuper de lui, le sauver pour se sauver elle-même, devient plus que tout son seul et unique but.
Le temps d'une nuit, tout se joue dans ce texte court, sobre et percutant. 

Orianne Charpentier nous propose là une fiction intrigante :  on tourne la dernière page à la fois dérangé par une écriture mystérieuse et ciselée, et bouleversé par cette tragédie qui vient de loin.

"Rage", c'est un livre comme il n'en existe pas d'autre, qui nous parle finement d'(in)humanité, de force et de renaissance.

Alice, parfois décontenancée...

17 déc. 2017

Naissance des coeurs de pierre d'Antoine Dole. Actes Sud 2017

"Naissance de coeurs de pierre" se sont deux tiroirs qui s'ouvrent devant nous. 
Et dans chaque tiroir se cache une histoire qui nous fait douloureusement quitter le monde de l'enfance.
Deux histoires qui paraissent avancer en parallèle mais qui au final se complètent et résonnent d'une seule voix.

Dans le nouveau monde de Jeb, aucune émotion ne doit transparaître, et à l'âge de 12 ans chaque enfant doit rencontrer le préparateur qui, seul, peut décider de la suite de son avenir dans la Communauté. 
Dans l'univers contemporain d'Aude, la pression scolaire des parents est tellement forte, le rejet des autres tellement violent qu'il devient facile de tomber dans les bras du plus charmeur des surveillants du lycée.

Dans ces tiroirs se cachent des histoires cruelles, un vide émotionnel impératif , un manque d'âme et trop peu d'amour. L'habileté narrative d'Antoine Dole nous plonge alors  dans la fragilité et la solitude de ces deux ados, mais surtout dans leurs faiblesses et leur déchirement. 
Deux écorchés qui nous apprennent à revenir à l'essentiel, qui nous invitent à réfléchir à ce que sommes, à ce que nous produisons et à ce que nous léguons. 

Une lecture qui pourrait paraître semblable à d'autres  (#Bleue, ..) et qui pourtant touche l'intime, profondément.

Alice, qui s'est accrochée à ce chassé-croisé...

Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pépita




13 déc. 2017

George d'Alex Gino. Ecole des loisirs, 2016

George est pas plus haut que 3 pommes. Du haut de ses 9 ans, c'est un petit gars pas très bien dans sa peau qui est à l'étroit dans son corps et dans sa tête. 

Il le sait bien, qu'au fond de lui, il n'est pas vraiment un garçon ... Ce qu'il aime c'est lire des magazines de filles, se souvenir de ses déguisements avec les habits de maman, s'imaginer avec du rouge à lèvres et par dessus tout il aimerait décrocher le premier rôle de la pièce de théâtre qui se prépare à l'école. Un rôle féminin, bien sûr ... 

Relever ce défi, c'est pour lui faire un premier pas symbolique pour annoncer sa transidentité à son entourage. 

A 9 ans, on s'étonne de la maturité de sa réflexion mais qu'importe, parce qu'il (elle) est touchant(e) George ! On aime suivre sa progression jusqu'au jour J de la représentation théâtrale et on aime aussi la fraîcheur et la tolérance de sa meilleure amie Kelly.

Alors si certaines caricatures auraient pu être moins prononcées, George a le mérite d'exister et d'amener le débat ! L'intrigue est assez intelligemment menée, l'écriture reste accessible aux plus jeunes et avec subtilité et sans voyeurisme, on a entre les mains un livre qui sensibilise à une question d'actualité.

Et finalement, la dernière page tournée,  George ne nous parait plus si différent(e) que cela ... N'est ce pas là, un tour de force ?


Alice, qui aime quand on se noie pas dans les détails ...

11 déc. 2017

Trois filles en colère d'Isabelle Pandazopoulos. Gallimard, 2017

Elles sont trois, jeunes filles, (presque) libres, à nous raconter l'Europe qui souffre à l'aube de mai 68. 
Suzanne, Magda et Cléoména partagent avec nous un mur à Berlin qui empêche les familles de se retrouver, une dictature en Grèce qu'il faut fuir et un vent de rebellion qui commence à souffler au coeur des étudiants parisiens.

Le livre d'Isabelle Pandazopoulos c'est comme une valise ouverte, trouvée au fond du grenier. Une valise remplie de lettres échangées entre les trois jeunes filles, mais aussi avec différents membres de leurs familles. On y retrouve leurs espoirs, leurs fous rires, leurs projets, leur indépendance, leur rage... toutes leurs émotions condensées en quelques lignes. 
Dans cette valise se cache un véritable tournant décisif de leur vie, alors que dans un monde coincé, elles se libèrent, contre toute attente, en passant à l'action. 

Par le choix du style épistolaire, mais aussi sûrement parce que le livre est ponctué de photographies, d'articles de presse ...ces destins entremêlés nous paraissent terriblement vivants. On vibre dans une atmosphère historique un peu particulière, on frémit de certaines injustices, on tremble devant leur résistance, on découvre un terrible secret de famille et on se réjouit de leur émancipation.

Un livre passionnant et passionné qui nous parle d'hier mais aussi immanquablement un peu d'aujourd'hui !

Alice, qui aime leur désobéissance...
           et les livres d'Isabelle Pandazopoulos



22 nov. 2017

Le Roi Moi de Jean-François Chabas et Thomas Baas. Albin Michel, 2017

Un véritable petit dictateur ce Roi Moi : richissime, exigeant, présomptueux, égoïste, insatisfait.. et donc indubitablement seul, triste et morose.
Avec un tel caractère pas la peine d'envisager trouver une jolie jeune femme pour partager sa vie ! Même la princesse Na, la plus gentille et compréhensive princesse qui soit, claque la porte du palais !
De quoi amplifier la colère et la tristesse du Roi.
Mais un jour, par hasard, le Roi découvre le plaisir du don, et la joie que cela peut procurer. La vie de son royaume s'en trouve alors complètement modifiée.

Ce conte aux allures classiques joue la carte de la modernité. Il parait tellement actuel et les bonnes intentions sont tellement précieuses qu'il n'en est que réjouissant ! 
C'est une jolie leçon de vie passée à la moulinette sous la plume exigeante de Jean-François Chabas et les illustrations très expressives de Thomas Baas.
Une véritable fiction sociale.

Alice, et moi...et moi... et moi ...





20 nov. 2017

T'arracher de Claudine Desmarteau. Thierry Magnier, 2017

C'est dans un gouffre que Lou s'enfonce ...
Irrémédiablement, irréparablement.... elle est emprisonnée dans une douleur lancinante depuis la rupture inattendue avec son ex. 
Elle a le coeur brisé, la tête à l'envers, le chagrin permanent ... et rien n'a plus d'importance que de comprendre pourquoi il l'a laissé tombé alors qu'elle brûle toujours d'amour pour lui. 
Elle s'étouffe, Lou  ! Elle le voit partout, elle pense à lui tout le temps, elle le suit sur les réseaux sociaux, elle jongle avec les excés... et le reste n'est que futilité. Ses notes sont en chute libre, sa santé se fragilise, la relation avec ses parents est tendue ... son esprit reste obsédé et dévasté par cette séparation.

C'est un long monologue que nous offre Claudine Desmarteau. Elle creuse, elle dérange, elle sait mettre les mots sur cette blessure intense, sur ce premier chagrin d'amour, sur cette torture personnelle qui frôle avec le vide.
Ses mots claquent et l'on ressort de cette lecture complètement lessivé, complètement essoré.

Car on le sait, même si l'espoir renaît,  le premier chagrin d'amour restera au fond de nous toujours ancré.


Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pepita


9 oct. 2017

Double faute d'Isabelle Pandazopoulos. Gallimard, 2016

Sous la houlette de leur père, Ulysse et Ludovic ne vivent que pour la compétition. Dés l'aube et jusque tard dans la soirée, ils courent, frappent des balles et se font discrets face aux exigences et aux sautes d'humeur paternelles. Le court de tennis est leur terrain de jeu et les médailles se ramassent à foison.
Mais à l'adolescence, Ulysse se blesse, décide de ranger les raquettes et de renoncer à la compétition. Seul alors son frère porte les rêves de son père,  jusqu'au jour où il s'écroule en plein match.

Certes nous avons ici une histoire de sportifs poussés à la prouesse par un père intransigeant,  mais c'est surtout l'histoire d'une famille qui vole en éclat, d'une fratrie rivale, d'une colère enfouie,  d'un besoin de reconnaissance et  d'un silence pesant.
Entre ces pages, nous vivons une tragédie contemporaine percutante et bouleversante faite de contradictions et de liberté.
Isabelle Padanzopoulos sait trouver les mots justes et creuse jusqu'à la fine psychologie des personnages pour nous tordre les boyaux et nous insurger.
Ce roman est un véritable cri de l'intérieur, assez perçant pour ne pas nous laisser indifférent.

5 oct. 2017

Champion de Christophe Léon. La joie de lire, 2017.

Ils sont 6 ados, unis autour d'un seul et même événement : la disparition de l'un d'entre eux,  Brandon.
Lauryane l'a vu, par sa fenêtre, passer dans la rue alors qu'au loin fonçait un bolide conduit par Luc. A ses côtés, Louella, sa passagère, se souvient que le véhicule a percuté quelque chose.
David, autiste est rapidement accusé, car on a retrouvé le téléphone de Brandon dans sa chambre.
Quant à la discrète Abigail, elle cache à son entourage sa relation amoureuse avec la victime.

Nous suivons chacun indépendamment les uns des autres, mais rapidement tout se construit, tout s'imbrique. 
Chacun a son cas de conscience ; chacun a fait un mauvais choix : Lauryane n'a t-elle pas détourné le regard ? Louella va -t-elle continuer de se taire sous la pression de Luc ? David est-il vraiment coupable ? Brandon est-il réellement le sportif dont l'image lui colle à la peau ? 
Aucun ne semble innocent et tous pourrait être soupçonnés.

Ca se passe souvent comme ça avec Christophe Léon : il a l'art et la manière de jouer subtilement avec des parcours de vie pour aborder des questions sociètales qui ne nous laissent pas indifférent. La fin ouverte peu laisser confus ou amener à réfléchir, mais en tout cas, rien ne la laissait transparaître.

Un roman, sur fond d'enquête, qui se lit vite et bien.






4 oct. 2017

Minute papillon de Gaétan Dorémus. Rouergue, 2017

Que manger quand on est une chenille non végétarienne ? 
Rien à faire des légumes et des fruits du jardin !  Ce que notre chenille préfère ce sont les protéines de poissons, d'oiseau, de petits lutins et même de dinosaures ! 
Difficile d'en trouver dans le potager me direz-vous ! Alors, faute de mieux, tout en râlant, elle picore du bout des lèvres les aubergines, poires, tomates, potimarrons...qui la colorent au fur et mesure tel un bel arc-en-ciel. Mais la chenille, vous le savez, ne reste pas longtemps chenille ...

Cet album est foisonnant ! Il offre de multiples niveaux de lecture que chacun aura plaisir à s'approprier.
Sur la page de gauche, telle une belle planche encyclopédique, chaque légume est dessiné sous toute ses coutures. Il s'anime même et devient monstre, nuage, oiseau, visage, baleine...
Sur la page de droite, un dialogue s'installe entre le narrateur et la chenille comme pour nous inviter à regarder de plus prés la page de gauche. 
Tout s'organise parfaitement entre texte et image, à vous de choisir, si vous voulez vous documenter, vous amuser, vous laisser emporter par une histoire racontée ...

Joli travail de Gaétan Dorémus pour nous amener sur les chemins de la botanique et revisiter la métamorphose de la chenille en beau papillon !

Retrouvez l'avis de 
ma copinaute Pepita


27 sept. 2017

L'ascension de Saussure de Pierre Zenzius. Rouergue, 2017.

La montagne, ses paysages grandioses, ses sommets inaccessibles, ses expéditions, son immensité, ... et un rêve comme un mythe : l'ascension du Mont Blanc. 
Au XVIII siècle, l'infatigable naturaliste Horace Bénédict Saussure s'est lancé  dans la conquête de ce sommet et c'est là que notre histoire commence...
Une véritable aventure menée par une cordée pas toujours efficace, pas toujours perspicace mais de bonne volonté. Minuscules face à l'énorme étendue de la montagne, nos hommes avancent, carte en mains, échelles, sac à dos et autres objets inutiles sous le bras, et s'agitent de page en page pour atteindre le sommet.
Les paysages changeants défilent, les forêts laissent place aux sentiers, aux glaciers, aux sommets cachés dans la brume épaisse, ... et jusqu'au bout le narrateur se fait discret, observateur extérieur, jusqu'à ce que nous soit dévoilée sa véritable identité. 

J'ai adoré les personnages savamment croqués, perdus face à cette immensité inconnue ; ses paysages profonds où l'on a presque envie de se perdre et ses pages sans texte pour savourer le silence. 

Un beau premier album !








24 sept. 2017

La trouille de Julia Billet. Le calicot, 2017

Après 10 moins d'enfermement en prison, c'est l'heure de la sortie. Pas un moment attendu, pas un moment de joie, mais un moment d'appréhension et de peur. 
10 mois, c'est long ... La cellule était devenue son repère, et son quotidien était réglé comme du papier à musique. Que va-t-il se passer dehors ? Comment va t-il retrouver sa mère, son copain Fred et la belle Elina ? 
Dehors, il y a trop d'espace, trop de chemins possibles, tout un monde qui a continué de tourner sans lui.

Avant de passer la porte vers ce nouvel inconnu, il va partir en montagne avec d'autres détenus, un guide, un maton et un agent de probation. C'est là qu'il va se préparer à  réapprendre le silence, la beauté, l'immensité ... pour que tout soit possible par la suite.

Il est délicat ce moment où l'on passe la porte d'une prison pour en sortir, ce moment où la liberté est inquiétante et où l'on n'imaginait pas la joie céder la place à la trouille.

S'il fallait une démonstration de la nécessité d'accompagner la réinsertion, ce texte court mais d'une grande humanité en serait l'exemple le plus efficace.

20 sept. 2017

En route ! de Maria Jalibert. Didier jeunesse, 2017


Le travail de Maria Jalibert est fait de bric et de broc, de bricolages, de bidouillages, d'assemblage, de triturage ... Elle collectionne tout, rien, les petits objets, les trucs qui traînent et, sous ses doigts créatifs, naissent de leur mise en scène des histoires, des dialogues, des constructions qui nous émerveillent et nous transportent dans son monde fantaisiste bien à elle.

En route ! Partons en expédition ! En bateau, en bus, en avion, dans un tunnel, au milieu d'objets colorés et rétros,  nous voilà embarqués dans un jeu de cherche-trouve où il faut faire preuve d'un oeil aiguisé. Chaque page offre son camaieu de couleur, ses accumulations graphiques et sa strophe poétique : qu'est ce que c'est inspirant et ludique !

N'ayons pas peur de nous perdre dans ce cache-cache interminable, on s'y retrouve artistiquement, ... forcément !

Alice, qui aime observer, décortiquer, .. être étonnée !

18 sept. 2017

Trouver les mots de Gilles Abier. Le muscadier, 2017.

Gabriel se sent coupable. Coupable de quoi ? De ne pas avoir su trouver les mots justes, de ne pas avoir su rassurer, d'avoir fait preuve d'impuissance, d'avoir abandonné un proche...

Il est entre les mains de la police à devoir se justifier de ce coup de fil, passé la veille à son cousin Julien, et qui a exactement duré douze minutes et vingt-trois secondes.
Après, cela.., le drame ! On comprend entre les lignes qu'il s'est passé quelque chose de grave mais on a beau imaginer diverses hypothèses, ce n'est qu'au terme d'un récit introspectif que  la révélation nous troublera.

Le sujet est terrible et interpelle. Mis sous la plume abrupte de Gilles Abier, il résonne fortement en nous comme pour nous rappeler les malaises et les remords de l'adolescence.  Il y a dans ce texte, de la douleur, des silences et de la confusion, assez pour nous offrir un témoignage percutant.

14 sept. 2017

A quoi tu ressembles ?de Magali Wiener. Le Rouergue, 2017

Ils sont douze. Douze ados d'une même classe.
Chaque mois, l'un d'entre eux partage avec nous un souvenir, une anecdote, une préoccupation.... 12 chapitres bien distincts comme une petite nouvelle a part entière. Sauf qu'à eux tous, ils forment une bande et leurs histoires se croisent ou parfois se font écho. Un chassé-croisé permanent qui aborde les mésaventures du quotidien.

Le point commun de leurs histoires ? Sûrement le lycée mais surtout la place des parents. Ils ne sont jamais bien loin et ponctuent de nombreuses chutes.
A l'âge où l'on gère un passage délicat vers le monde adulte, ils sont là, dans l'ombre, à espérer l'avenir de leurs enfants. Faillibles dans leurs secrets, pesants dans leurs fonctions, gênants dans leur intimité, faibles dans leur blessures... mais toujours présents.

Magali Wiener s'attache à nous offrir des tranches de vie réalistes, à faire voler des cases trop étroites et à accompagner ces jeunes dans leur héritage familial.

Ainsi, l'année scolaire s'écoule, et si les anecdotes sont souvent savoureuses, un brin de cruauté les parsème et nous offre souvent des chutes surprenantes.

Alice, qui s'est parfois laisser attraper ...

Retrouvez l'avis de ma copinaute Pepita 
qui a même interviewé l'auteur




13 sept. 2017

Des mots pour la nuit d'Annie Agopian et Albertine. La joie de lire, 2017

Vous la voyez la vague bleue ? Celle sur laquelle il suffit de s'installer bien confortablement pour se laisser emporter vers les mots-songes de la nuit.
Oui, car la nuit, tout n'est que délice, voyage et échappée belle. L'inconnu ne fait plus peur et le noir habituel se transforme en couleurs flamboyantes et en liberté rassurante.
Grâce à un texte qui se lit comme une ritournelle, Annie Agopian nous offre une approche subtile pour éloigner les frayeurs de la nuit. Un parti pris inattendu qui cherche à réconcilier les petits bouts, effrayés par ce moment parfois redouté.
Elle joue sur les mots, leur sonorité, leur force et leur signification pour nous offrir une poésie largement mise en valeur pars les dessins éclatants et légers d'Albertine

C'est à la fois énigmatique et rayonnant, et après cette lecture, les rêves seront plus doux ... assurément !

Alice, bercée...
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10 sept. 2017

Jusqu'ici tout va bien de Gary D. Schmidt. EDL, 2017

La famille de Doug, c'est toute une histoire ! 
Entre un père gueulard et une mère aimante mais soumise, il doit aussi supporter la bêtise d'un de ses frères aînés alors que l'autre se bat au Vietnam.
Peu d'argent, beaucoup de cris et de violence, de rares amis, du racket, une idole, des petits boulots,  .. un monde pas vraiment rose.

Mais la vie peut parfois réserver des surprises, de belles rencontres et des découvertes inattendues. Chaque samedi, Doug grimpe les marches de la bibliothèque pour s'émerveiller devant des lithographies ornithologiques. L'étude précise et artistique de ses oiseaux  sera pour lui comme un chemin vers sa propre liberté.

Parce que tout le monde a droit à ses propres chances...
Parce que l'art peut être une thérapie...
Parce que la volonté mérite d'être récompensée... 
 ...Un roman bienveillant et rassurant. 

Comme aurait l'habitude de nous interpeller Doug : "Vous savez l'effet que ca fait ?". 
Oui Doug, ca fait du bien de te sentir bien ...

Patience, .... sortie prévue en librairie le 04 octobre 2017

6 sept. 2017

Graines de sable de Sibylle Delacroix. Bayard, 2017.

Qu'elle est morose cette journée de retour de vacances ! Ulysse et sa soeur descendent de la voiture la tête basse,  un peu chagrinés et le pied traînant. Il est l'heure de ranger le seau, les tongs, la pelle et le râteau.... quel cafard !

Mais dans un coin de la chaussure, quelques grains de sable se sont glissés, juste assez pour faire revenir l'étincelle dans les yeux des enfants. Il suffit alors de semer ces "graines de sable' par poignée pour raviver les souvenirs du bel été qui vient de passer. Les parasols, les chateaux de sable, les glaces au citron, les moulins à vent ...  éclatent de nouveau sous un soleil rayonnant. 

C'est beau comme la magie d'un simple moment de bonheur et de nostalgie .. 
C'est beau comme un trésor éphémère..
C'est beau comme les yeux d'enfant qui brillent...
C'est beau comme la saveur d'un souvenir éternel...

Tout juste éclairé de jaune, le crayon a papier  de Sibylle Delacroix glisse de page en page et petit à petit la mélancolie cède la place à toute la poésie et la luminosité d'une petite madeleine Proustienne...

Alice vous souhaite une belle rentrée, ...

4 sept. 2017

14-14 de Silène et Paul Béorn. Castelmore, 2014

Imaginez-vous recevoir du courrier d'un cousin oublié et qui semble de plus en plus étrange au fil de ses lettres ?
Imaginez-vous découvrir que vous êtes en train de communiquer avec un quasi-homonyme qui a vécu 100 ans  auparavant ? 
Imaginez -vous pouvoir changer le cours des choses pour lui éviter les atrocités de la Première guerre mondiale ?

L'idée des auteurs est très intéressante, elle permet de mettre en parallèle la vie quotidienne des deux ados, chacun dans leur époque. Deux vies  qui se croisent, mais même à 100 ans d'intervalle des préoccupations communes et des rêves à affronter.

On se laisse rapidement prendre au jeu de l'originalité de ce scénario et de cette correspondance étonnante. Une manière pertinente de présenter et d'intéresser le public cible à la Première Guerre Mondiale. 

Un peu d'étrangeté : il fallait oser mais  c'est plutôt bien fait !


30 août 2017

Monsieur Martin de Caroline Attia. Maison Eliza, 2017

Monsieur Martin, c'est quelqu'un de bien. 
Il fait son petit train-train quotidien entre la maison et le bureau et tout pourrait aller bien. 
Oui, car Monsieur Martin a quand même un soucis : il est tout petit ! Personne ne le remarque et ne s'inquiète de lui !
Pourtant un beau matin voilà qu'il commence à grandir. Pas uniformément au départ, mais très vite tout devient trop petit pour lui ! Lui qui rêvait d'avoir une taille adéquate, le voilà bien malheureux de voir que la terre entière ne suffit plus à sa grandeur !

Et si malgré tout, le bonheur n'était pas loin de là ...

Elle est jolie l'histoire de Monsieur Martin, elle parle de différence et d'acceptation de soi. Tellement jolie que dans cette rêverie, on tombe aussi sous le charme des illustrations un petit peu rétros, mais dignes des arts déco !

Alice, aime ce brin de fantaisie ...

28 août 2017

Entre chiens et loups de Malorie Blackman. Milan,

Callum et Sephy, c'est Roméo et Juliette. 
Une couleur de peau différente, des parents  de classes sociales opposées, des droits et des devoirs discordants ... et pourtant une amitié sans pareille depuis leur enfance ; amitié qui se transforme en un amour fou à l'âge de l'adolescence. 

Dans cette société où les noirs supplantent les blancs, où les idées politiques sont extrêmes, où le racisme s'entend au quotidien, où le terrorisme et la corruption sont de mise,  Malorie Blackman nous donne une leçon de tolérance époustouflante. 

Si elle nous bouleverse d'avoir osé retourner les tendances, elle ne néglige pas non plus la brutalité, les tensions, la dureté et l'intensité de la violence (des situations et des mots ).
Elle est impitoyable dans ses descriptions et dans les questionnements de deux ados. 

Mince ! Cette sauvagerie et cette haine sonnent tout de même étrangement familier. 
Ouvrons les yeux ! 
Ce roman est un véritable regard porté sur la société. 
Et cela fait froid dans le dos, tellement rien ne semble pouvoir y mettre un terme ...

Alice, qui ne s'est jamais sentie épargnée ...