Sept jours à l'envers / Thomas Gornet. Rouergue, 2013

Une semaine en compte à rebours. Une semaine tout juste pour faire un deuil, pour tenter d'accepter la soudaineté de l'évènement et pour observer les autres et leur attitude. Une semaine pour trouver la solution à une devinette, comme une réponse à ce manque inéluctable.

Intelligemment mené, l'originalité de la construction antéchronologique de ce roman en fait toute sa force. 

En 7 jours, le lecteur navigue entre émotion et ton plus léger de la vie quotidienne qui reprend son cours, tout en étant maintenu dans un doute permanent sur l'identité du défunt.

 

Un roman court, concentré sur l'essentiel.

Un joli exercice de style.

Retrouvez l'avis lecture de Kik

Le grand livre des bêtes / Emily Gravett. Kaléidoscope, 2013.

Quand Emily Gravett se prend pour une souris  (ou bien le contraire), on se retrouve avec entre les mains, un livre grignoté, plié, déchiré et rempli d'enchantement à chaque page. Tellement de surprises nous attendent, qu'à la énième lecture, on découvre encore des détails cachés.

C'est un peu fouillis comme ça, alors penons le temps de comprendre.
Petite souris, en tant qu'auteur du livre bien sûr, nous a concocté un bestiaire classique, quelque peu  modifié de grosses et petites bêtes peintes et décrites à sa façon.

Il y a le lion, à qui elle rajoute des gants pour cacher ses griffes ; la guêpe qu'elle est prête à attaquer d'un coup de tapette ; ou encore le crocodile à la mâchoire coincée pour ne pas être croqué.

 

L'univers d'Emily Gravett est fascinant et foisonnant, alors laissez vous embarquer dans ce concentré d'humour pas facile à expliquer mais délicieux à découvrir !

Attention a vous, vous allez en prendre plein les yeux !

 

 

Retrouvez l'avis de ma copinaute Sophie

Justice pour Louie Sam / Elizabeth Stewart. Thierry Magnier, 2014

Il est toujours plus facile de "taper" sur les plus faibles, de les désigner coupable sans avoir réellement de preuve, de les stigmatiser pour mieux les exclure.

Voilà l'histoire de Louie Sam, jeune indien accusé d'avoir tué un riche propriétaire et de l'avoir tué en suivant.

Rapidement retrouvé et jugé par la communauté "blanche", il est pendu d'office, sans qu'aucune enquête ne soit lancée. Mais Georges Gillie, jeune ado  de la communauté, ne l'entend pas de cette oreille. Il trouve Louie Sam bien trop jeune et veut lui rendre justice. Seul contre tous, il va s'obstiner à regrouper des éléments et à démontrer aux adultes leur erreur d'appréciation.

Mais, qu'elle est le poids de la voix d'une jeune, face à des adultes intolérants ?

Au cœur de l'histoire de l'Amérique, ce roman nous immerge dans un sentiment de haine et de révolte.

Inspiré de faits réels, il se lit avec hâte et espoir ...

Mots rumeurs, mots cutter / Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini. Gulf stream, 2014

Dans la jungle du collège, rien n'est très simple.

Aux longues journées rythmées par les cours,  s'ajoutent les copines, le flirt,  ...et puis la jalousie, l'humiliation, le rejet et les rumeurs. Un véritable cauchemar !

Tout avait pourtant bien commencé pour Léa,  mais trop confiante, à l'issue d'un jeu a priori sans danger, elle se retrouve exclue de son groupe de copines et stigmatisée par l'ensemble des élèves du collège. Moqueries, brimades, attaques, ... c'est la spirale infernale de la honte, de la solitude et du harcèlement collectif.

Avec ce roman graphique, Charlotte Bousquet nous montre les rouages et l'ampleur grandissante des "mots" qui, par un effet dévastateur, se transforment en "maux".

Une histoire, malheureusement tristement banale, complètement ancrée dans l'air du temps, réaliste et intelligente.

Un mariage parfait entre la violence du contenu et la jeunesse des illustrations.

 

Retrouver l'avis de mes copinautes,

il y a celui de Céline, celui de Nathan, celui de Sophie, et celui de Bouma

Zoucaribou / Marie-Sabine Roger et Nathalie Choux. Sarbacane, 2014.

Il a vraiment le chic, Zou Caribou, pour dédramatriser la séparation des parents.

Dés la première page, on voit un train qui s'étire et qui file entre les montagnes : c'est lui qui relit la maison de papa à celle de maman entre la semaine et le "ouiquaine". Facile à se souvenir, il suffit de compter les feuilles enlevées du calendrier.

Deux maisons différentes pour Zou Caribou, mais dans chacune d'entre elle, de l'amour, des bisous, du partage et des souvenirs.

 

Cela ne pose aucun problème à Zou Caribou de prendre le train toutes les semaines, car sa valise bagage tout ce qu'il faut !

Et cela ne pose aucun problème à  papa et maman non plus, car ils sont bien assez grands pour ne plus pleurer quand Zou Caribou n'est pas là.

 

Voilà une façon originale et enjouée  de parler de divorce aux enfants.

Le message est optimiste, les illustrations sont douces et colorées et  si les mots-valises peuvent paraitre compliqués, ils sont ma foi très bien trouvés !

 

Un joli message de savoir-vivre pour grandir en toute serennité !

1, 2, 3, ...foulard / Eric Sanvoisin. Grund, 2014.

Après une enfance chaotique, Charlotte semble enfin avoir trouvé son apaisement dans sa nouvelle famille d'accueil. Pourtant, elle appréhende son entrée en sixième avec une tonne d'angoisse. Fragile, elle se laisse alors embarquer par Coraline dans le "clan des étoiles filantes", club très fermé et mystérieux initié par le beau Jordan ; club au sein duquel se pratique le jeu du foulard.

Difficile pour moi de croire à la naïveté de Charlotte, alors que toute gamine elle a subit les pires atrocités et que surtout elle a toujours en tête une violente défénestration.

Mais finalement, dans ce récit, le jeu du foulard ne serait-il pas un prétexte pour nous dresser le portrait déchirant d'une ado paumée, en mal d'amour et de repère ? Une ado influençable et qui a déjà tellement bourlingué !

Ne vous attendez pas donc à un roman pédagogique et didactique mais plutôt à une descende vertigineuse d'une ado fragile et violentée par des souffrances extrêmes, jusqu'au jour de trop ...

Une histoire intense.

Dis-moi qu'il y a un ouragan ? / Fabrice Emont. Gallimard, 2014

Cinq ados, bien différents les uns des autres, se voient obligés de réaliser ensemble une vidéo dans le cadre d'un travail en commun.

Il y a Léa, la toute nouvelle arrivée au lycée, la jeune Pauline, Moussa le bouddhiste, Jennifer la pin-up et Quentin le poète. Chacun est là, avec sa personnalité, ses blessures, ses secrets et son envie de trouver sa place.

Entre eux c'est pas toujours simple, ça se chamaille, ça s'entraide, ça se dispute ... et c'est au travers de la réalisation de leur court métrage que l'on suit l'évolution de leur relation et que chacun dévoilera un peu plus de lui-même.

 

Un livre qui pourrait aborder et approfondir plein de thèmes (l'absence des adultes, la place de l'art, les non-dits, les dangers des réseaux sociaux ..) mais qui reste finalement très modéré et très en surface.

 

Petit renne a peur de tout / Dainius Sukys et Karen Hoffman-Schnickel. Borealia, 2014.

  
Qu'ils sont drôles ces animaux,  avec leurs gros yeux bien ronds et leur air de sortir tout droit d'un dessin animé.

Alors oui, on feuillette d'un œil cet album, et les illustrations prennent rapidement le dessus sur le texte.

Petit renne, son air un peu poltron, ses oreilles trop grandes et ses positions acrobatiques nous amuse drôlement. Et même quand il relève la tête, qu'il bombe le torse et qu'il décide de dépasser ses peurs, Petit renne reste encore un héros surprenant.

Si le sujet, le texte et la chute restent des plus classiques, cet album permettra sûrement aux plus jeunes de surmonter leurs appréhensions et de s'inventer  d'astucieuses solutions.
Un petit album sans prétention.

La gueule du loup / Marion Brunet. Sarbacane, 2014.

Cela pourrait être une fiction légère : 2 copines qui, le Bac en poche, se font la belle à Madagascar, rêvant de passer un été "au bord d'un lagon de pub de gel douche", avant de commencer leurs études supérieures.

Mais très vite tout dérape.
Madagascar n'est pas une île paradisiaque et les rencontres que l'on peut y faire ne sont pas rassurantes. Mathilde et Lou découvrent la pauvreté, le commerce humain, la peur, la prostitution, l'effroi... et tout déplacement insulaire devient une question de survie.

Trés vite, la tension monte au fil des pages alors que les jeunes filles fuient la capitale pour s'enfoncer dans la forêt tropicale. Avec elles, on craint le danger, on transpire, on halète, on repousse la prochaine épreuve, on se sent traqué, on se surprend à tourner les pages à toute vitesse, à avoir le ventre qui se noue, la tête qui tourne et à chercher son souffle. C'est une véritable course folle contre la montre, contre le loup qui n'est jamais bien loin, contre ce tourbillon qui nous piège.
...Et le doux récit de voyage se change en terrible aventure au suspens efficace...

Wouaaaaah, quel roman ! Un roman initiatique, un thriller psychologique, mais pour sûr un roman   qui frappe très fort...et qui aura du mal à se faire oublier.

 

La vie, en gros / Mikaël Ollivier. Thierry Magnier, 2001.

Etre obèse et ado, voilà deux ingrédients difficiles à combiner.

Benjamin a beau essayer de suivre un régime, de prendre RV avec un psy-acupuncteur, c'est plus fort que lui : plus Benjamin tente des efforts, plus la balance grimpe.

Il n'y peut rien, il aime manger, sans faim, tout le temps, c'est un plaisir sacré, un partage évident. Une boulimie permanente qui lui permet d'apprécier les bons moments, mais qui est aussi un lieu de refuge lors de moments plus difficiles.

 

Alors, oui, Benjamin est en surpoids de niveau 2 et ce n'est pas facile de se construire à travers le regard des autres (adultes méprisants ou ados odieux).

Et si tout simplement,  Benjamin ne s'attachait plus a faire un problème de son obésité ?

Sans tomber dans le pathos, ce petit roman décrit les différentes phases d'un ado complexé dans une société où le culte du corps à toute son importance. On le suit dans ses douleurs physiques et psychiques, dans les attaques qu'il subit, dans les défis qu'il se lance, dans sa peine et son désarroi.

 

Un roman court, mais juste, d'un ado fâché avec son corps qui finalement retrouvera le sourire grâce à son envie folle d'aimer et d'être aimer.

Rébéllion chez les crayons / Drew Daywatte et Oliver Jeffers. Kaléidoscope, 2014.

Combien de boites de crayons collectionnent les enfants ? Sans cesse il faut renouveler le stock des mines abîmées, des crayons cassés et des couleurs manquantes.

Et oui, car vous l'aurez constaté, les enfants utilisent toujours les mêmes couleurs pour les mêmes illustrations : le Père- Noël sera toujours rouge, l'éléphant sera toujours gris, la mer toujours bleue ..etc. Mais le beige ? Quand est ce qu'on le sort de l'étui? Aujourd'hui,chacun d'eux se sent bien malmenés et bien mal utilisés !

Alors, d'un commun accord, les crayons ont décidé d'exprimer leur mécontentement ! Que ce soit celui qui est usé jusqu'à la mine ou celui dont on ne se sert jamais, chacun a quelque chose à dire à ce cher Duncan, propriétaire-artiste-illustrateur pas plus haut que 3 pommes.

Les crayons s'agacent, s'énervent, revendiquent, protestent, refusent de se soumettre et espèrent bien obtenir gain de cause   !

 

Un album plein d'humour et haut en couleur qui offre toute possibilité d'imagination débordante aux jeunes esprits créatifs.

 

Un point de vue étonnant, une idée drôlissime, il fallait juste y penser !

Retrouver l'avis de Sophie - La littérature jeunesse de Judith et Sophie

et celui de Chlop - La bibliothèque de Chlop

A l'ombre de l'oubli / Mireille Disdero. Seuil, 2013.

Parce qu''à 17 ans, l'insouciance et la naïveté font toute la fraîcheur de la jeunesse, Violette glisse vers l'inconnu sans aucune appréhension.

Une rencontre virtuelle, un beau parleur qui la complimente sur ses écrits poétiques, et là voilà qui tombe dans le piège.

Elle monte à Paris, entrevoit enfin la possibilité de le rencontrer, participe à une soirée ...

Mais à son retour, rien n'est plus pareil. Toute sa vie a basculé.

Que s'est-il passé ? Ses souvenirs sont flous, elle se renferme et sombre dans un silence profond alors que son corps hurle de violence.

Ce n'est que la patience et le courage de son ami d'enfance, qui n'a d'yeux que pour elle, qui lui permettront de se reconstruire lentement.

 

Un roman poignant où l'adulte que je suis, comprend rapidement le non-dit. Mais malgré tout, un roman qui alerte sur la candeur de la jeunesse et les dangers du WEB.

Avec des mots simples et justes, Mireille Disdero aborde avec toute sa sensibilitée un sujet grave et délicat.

Un appel à détresse, à mettre entre les mains de toutes les jeunes ados, et qui se lit jusque pas d'âge.

Retrouvez l'avis de Pépita, Meli-Melo de livres