30 août 2016

L’attrape-lune de Séverine Vidal et Barroux. Mango jeunesse, 2016.

La complicité qui lie un enfant à son grand-père est d'autant plus merveilleuse et féérique que les histoires transmises sont invraisemblables.

Tout commence par un chapeau rouge et une maison perchée. 
Et puis très vite, on vit de véritables odyssées en mer, on découvre des inventions un peu dingues, on s'espère pêcheur de sirènes et on se prend pour un cosmonaute.
Avec papy, la vie c'est tout une aventure !

Toutes ces histoires, on pourrait les écouter des heures, les unes après les autres. On a juste envie de tourner la page pour rester en apesanteur et continuer le voyage en compagnie des mots complices de Séverine Vidal, des illustrations naïves de Barroux, d'un petit chat taquin et bien sûr, jamais bien loin, ... d'un chapeau rouge. 



On a beau être adulte, cet album réveille en nous notre part d'enfance, cette force de l'imaginaire qui nous fait croire que tout est possible et qui confirme que la transmission est un partage essentiel.
Quel voyage !


28 août 2016

De mieux en mieux / Christophe Léon. Thierry magnier, 2015


Ils sont une petite dizaine. Leur point commun ?

Ils habitent  le bâtiment E de la cité Mandela et sont tous héros du quotidien.

Il y   le destin de  Glad, Taoufik,  Ahmed, Coraz, Latifah, … jeunes délaissés mais qui sont  l’exemple même que rien n’est fatalité.

Jamais désabusés, même si leur environnement semble une impasse, leur spontanéité, leur croyance, leurs espoirs, leur fierté… nous poussent à les admirer.

Croyez-moi, dans ce recueil de nouvelles, si l’inquiétude est sous-jacente, elle est bien vite balayée ! Ils ont la force, ces jeunes, de toujours rebondir et de retomber sur leurs pattes.


Cette lecture m’a régalée et je l’ai avalée d’un trait. Il faut dire que la construction qui lie les nouvelles et les personnages les uns aux autres nous embarque immédiatement au cœur de cette cité… que l’on n’a pas vraiment envie de quitter. 

C’est une belle galerie de portraits que nous propose Christophe Léon, un regard réaliste et engagé sur une société  qui n’est pas tout à fait ratée.  



Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pepita


25 août 2016

Songe à la douceur de Clémentine Beauvais. Sarbacane, 2016

Songe à la douceur, c'est un défi. 
Un défi osé et un peu fou de proposer la réécriture d'Eugène Oneguine en vers libre.
Quelle audace !
Mais quelle surprise !

Déconcertant au début, cet exercice de style apporte une dimension particulière à l'histoire d'amour inachevée entre Eugène et Tatiana. D'une "simple" comédie romantique on bascule alors vers une envolée lyrique de grande ambition. 
Avec intelligence et brio, l'écriture de Clémentine Beauvais enchante le récit et réussit le pari de nous passionner pour cette romance bancale, pareille à mille autres.  
Elle modernise un classique de la littérature en rendant le récit complètement addictif : c'est drôle, poétique, attachant, théâtral, plein de fougue et d'énergie.
Et l'histoire dans tous ça ? Et bien, l'auteur nous invite à entrer au coeur de ce jeu de l'amour et du hasard en nous interpellant régulièrement en fin de chapitre et l'on se laisse aisément ensevelir par ces sentiments débutants et toutes les questions sous-jacentes de l'usure et du temps qui passe.

Un roman déconcertant, mais un roman d'exception.
Je vous jure, ça se savoure, ça s'apprécie, ça se relit...


21 août 2016

Moi et les aquaboys de Nat Luurtsema. Gallimard, 2016

Imaginez. 
Imaginez Lou 15 ans, nageuse depuis ses 7 ans, avenir tout tracé pour devenir championne, entraînements intensifs toutes les semaines mais qui malheureusement rate les qualifications pour intégrer l'équipe qui la mènera droit au Jeux Olympiques. 
Quand on a plus de centre d'intérêt, quand son centre de gravitation quotidien s'effondre, alors il faut rebondir du bon pied.
Et comme notre jeune ado ne manque pas d'espièglerie et de repartie, elle accepte de devenir coach d'un trio de garçons qui a décidé de se mettre à la natation synchronisée pour passer à la télé. Si, si ! 

Le ton est donné ! 300 pages de loufoqueries improbables et souvent déconcertantes, mais qu'est ce que ça fait du bien ! C'est frais, ça regorge d'humour, c'est souvent irrésistible et ça s'avale en un rien de temps, la tête sous le soleil et les pieds dans l'eau.
L'auteur manie très bien la forme et nous régale de son ton enjoué et de ses répliques percutantes qui s'enchaînent avec évidence. Et sous couvert d'humour, rien n'est laissé au hasard, il est aussi question des dérives du sport de haut niveau...qui n'est pas qu'une partie de plaisir .

Bref, un véritable divertissement, un moment de détente évident .... ça fait du bien !

Souvenez-vous, un roman reçu lors de notre swap d'été


19 août 2016

L'affaire Jennifer Jones d'Anne Cassidy. Milan, 2006

Qui est Alice Tully ?
Pourquoi s'intèresse-t-elle tant aux articles de presse concernant l'affaire Jennifer Jones ?
Pourquoi ne vit- elle pas avec ses parents ?
Que nous cache-t-elle de son passé ?

Et puis petit à petit la lumière se fait, sa double identité, sa réinsertion en cours, la présence d'un détective privé sur le dos et le retour de la pression médiatique.
On s'attache à Alice, cette jeune ado encore vulnérable.
Mais on déteste sa mère, première responsable de négligence envers sa fille, première démissionnaire de son éducation mais surtout  première responsable des circonstances du drame.
La tension va croissante au fil des pages  et ....je ne veux pas vous en dire plus.

Juste vous confirmer que de bien belle manière, Anne Cassidy évoque le sentiment d'abandon et démonte psychologiquement les rouages  qui conduisent parfois au geste irréparable. 
Comme l'auteur, je laisserai planer le mystère pour vous laisser la possibilité de découvrir ce livre et d'explorer individuellement les travers les plus sombres de la nature humaine.
Un livre tortueux où il est question de vide affectif, de perversité, de méchanceté mais aussi de culpabilité, de justice et de rédemption.
Une histoire hors-norme :  bouleversante et terrifiante à la fois.      
 
Un livre découvert grâce au swap de l'été
Merci Bouma !

17 août 2016

L'arbre aux crayons de Jeanne Taboni Misérazzi et Loen Bes. Bilboquet, 2016

Cet album est un conte.
Un conte qui se cache sous une illustration de couverture prometteuse où la symbolique se dévoile et où le coup de pinceau s'exprime tout en douceur.
Un conte qui démontre toute la force des crayons : celle de laisser libre court à l'imagination, de créer des univers poétiques, mais aussi celle de lutter contre la barbarie des hommes.

Il était une fois, un roi despotique vexé du manque d'intérêt que lui manifestaient ses sujets, trop occupés à dessiner. Quand on est un roi imbu de sa personne et de pouvoir, il ne reste plus qu'une solution : confisquer et détruire tous les crayons !
Ce qui ne changea rien de l'attitude de ses sujets qui, pire encore, se mirent à le détester !
Mais c'est souvent par la grâce et l'innocence d'un enfant que l'espoir renaît et c'est la force d'un arbre qui va l'aider à ranimer la flamme dans le royaume.

Derrière cette histoire on devine la volonté des auteurs de nous interpeller sur la censure et le droit d'expression, un sujet brûlant d'actualité.
Avec justesse, sans fioriture et juste un petit peu de magie, le pari est réussi.


Souvenez-vous, un très bel album reçu lors de notre swap d'été

Retrouvez l'avis de ma copinaute Céline,

15 août 2016

Le domaine de Jo Witek. Actes Sud, 2016

Le domaine, c'est une atmosphère.
Une atmosphère prétentieuse et désuète dans ce manoir familial où les grands-parents imposent une organisation ancestrale millimétrée et décident de ce qui est bon pour les autres.
Le domaine, c'est une atmosphère animale où tout n'est qu'hypocrisie et faux semblants et où le piège se resserre inévitablement autour de chacun.
Mais le domaine c'est aussi une atmosphère sauvage où la nature a toute sa place,  où symboliquement les oiseaux nous montrent le chemin vers plus d'humanité.
Et surtout le domaine c'est une atmosphère passionnelle où l'amour est plus fort que tout.
Un amour fou, éperdu, bouleversant, violent, dévastateur, ...irréversiblement beau.

Le domaine, c'est une lecture sous tension qui nous comprime petit à petit dans une angoissante asphyxie où Jo Witek ménage à la perfection l'exactitude des personnages et leurs zones d'ombre.
Le domaine, c'est un huis clos destabilisant, insidieux, psychologique, lugubre... inoubliable.

Retrouvez l'avis de ma coinaute Pepita,

11 août 2016

Swap A l'ombre du grand arbre #6

Déjà mon sixième swap A l'ombre du grand arbre ?
Mais comme le temps passe vite ...

Comme ces rendez-vous sont attendus !
Comme ils donnent lieu à d'excitants creusages de tête !
Comme l'on a toujours hâte de découvrir, émerveillée, ce que les copinautes ont préparé !

Pour cette nouvelle édition : pas de thème, pas de destinataire ciblé mais chaque copinaute devait offrir un petit quelque chose (gourmandise, livre, objet) aux 8 autres.

C'est à l'occasion d'un Breizh Summer Book Camp cet été, dans le jardin de Sophie et ses lutines, que j'ai été rudement gâtée !


Qu'il est beau mon swap acidulé !
 
Un swap plein de clin d'œil et de coïncidence, voyez plutôt ...
 
-Des caramels au beurre salé, du thé glacé, des pâtes à tartiner du Comptoir de chez Mathilde (prénom de ma fille) - de la part de Sophie
 
-Un endroit où se cacher de Joyce Carol Oates (auteur en dédicace dans la library de New York lors de mon voyage) - de la part de Bouma
-L'affaire Jenifer Jones d'Anne Cassidy (superbe couverture en papier déchiré que mes doigts s'amusent souvent à travailler) - de la part de Bouma
 
-Une cookie Jar très personnalisée (mon biscuit préféré) - de la part de Colette
 
-L'arbre aux crayons, en référence à ce qui nous unit -de la part de Céline
 
-Moi et les aquaboys de Nat Luurtsema- de la part de Sophie qui savait que j'avais besoin d'avoir la tête en vacances.
 
-Des bonbons rose-bonbon au bon gout sucré - de la part de Pepita
 
-Une sacoche rose-à-pois, un petit carnet et un bracelet - de la part de Chlop
 
 
Autant vous dire, .... toutes les gourmandises ont été avalées ! (Hum! Miam!), reste plus que les cookies à finaliser.
Et je ne sais pas par quel livre commencer, tellement ils me tentent tous !
 
 
Merci tout le monde, comme il fait bon être avec vous A l'ombre du grand arbre !

9 août 2016

La piscine de JiHyeon Lee. Kaléidoscope, 2013


Devant l’immensité de la piscine, l’enfant, à peine crayonné, parait bien seul et bien petit. Le rectangle bleu ciel du bassin se détache à peine  du centre de la page. Tout paraît calme, silencieux et rien ne pourrait déranger ce moment de quiétude.
D'un seul coup alors, la foule arrive : enfants bruyants, bouées trop grandes, bonnets colorés, agitation et mouvements !

Voilà notre bonhomme bien intimidé devant cette invasion. Après hésitation, il se décide à plonger et là, sous les pieds des nageurs bouillonnants, s’ouvre devant lui le plus beau voyage aquatique.

Ce n’est plus une simple piscine mais de véritables fonds sous-marins qui se dévoilent : hippocampes, bancs de sardines, requin, beluga, crevettes-crabes...
Nul besoin de parler, nul besoin de mettre des mots sur les illustrations, juste se laisser porter par la magie poétique de ce monde inconnu, de ce moment surnaturel.

Un très bel album comme une invitation à s’enivrer du silence, à laisser place à l’imaginaire et à oser ne pas rester à la surface.
Sobre et saisissant, un véritable coup de cœur.

Retrouvez l'avis de 
mes copinautes Bouma, Céline 

7 août 2016

Run Billie de Claire Loup. Gallimard, 2016

Billie a disparu. 
Le soir de leur concert au Bataclan, la chanteuse du groupe  a quitté sa loge avant de monter sur scène.
Qu'est-elle devenue ? A t-elle choisi sa fuite ? Quelles en sont les raisons ? Est-elle toujours en vie ?
L'habile construction du roman nous permet de naviguer entre passé et présent et d'alterner les différents témoignages. Si ces flashback nous perdent parfois, ils nous font aussi progressivement découvrir les multiples facettes de la vie de cette jeune fille à la personnalité complexe.
Il y a ce qu'elle veut montrer, ce qu'elle est vraiment, ce que l'on devine ... 
Sans jamais avoir le propre son de sa voix on voit graviter autour d'elle, tout ce qu'elle a construit, tout ce qu'elle a caché.
Bien sûr on s'accroche à ce livre pour comprendre les raisons de cette mystérieuse disparition et il est d'autant plus facile de ne pas le lâcher que le rythme qu'il nous impose ne nous laisse pas de répit.
Un roman bouillonnant sur la quête identitaire d'une jeune fille qui a décidé de multiplier ses vies parallèles pour mieux se re-trouver.
Mais un roman aussi confidentiel où chacun se dévoile petit à petit. 
Un très bon moment de lecture.

4 août 2016

L'empire des auras de Nadia Coste. Seuil, 2016


Nous voilà embarqués en 2059. La société est divisée en deux : d’un côté les personnes qui ont un aura bleue et de l’autre celles qui ont une aura rouge. Les progrès scientifiques ont mis à jour le repérage de cette aura par scan et cela continu de hiérarchiser  la société.
En cette nouvelle rentrée, Chloé, jeune fille à l’aura bleue, s’apprête à passer le portail d’un collège « mixte » ou les 2 groupes se côtoient. Elevée dans une famille inquiète, pleine de convictions et de préjugés, Chloé va faire de nouvelles connaissances, lier de nouvelles amitiés et s’interroger sur tout ce que ses parents lui ont inculqué jusqu’à présent. Alors que son esprit remet en doute son éducation, petit à petit son aura bleue vire au rouge ...

Dans un environnement quotidien de jeunes ados (lycée, amour,..), tout l'intérêt de cette dystopie est de savoir ce qui provoque ce changement d'aura. Mais avant que la conspiration ne prenne de l'ampleur, l'auteur interpelle, éveille la conscience du lecteur et le pousse à se poser des questions sur les discriminations actuelles.
Aucun doute que les ados accrocheront  à cette fiction, mais pour moi l'intrigue a mis trop de temps à s'installer et je n'ai pas réussi à m'introduire dans cette bande d'amis. 
Une lecture qui n'a pas su m'emporter.

2 août 2016

La mer est ronde de Sylvie Neeman et Albertine ; La joie de Lire, 2015

La mer est ronde ; si bien que l’on pourrait en faire le tour et ne jamais se croiser.
Heureusement, il y a des ports.
Tina et Antonio travaillent sur des bateaux et c’est  lors d’une escale, sur le quai de l’un d’entre eux, qu’ils se sont rencontrés. Mais chacun est reparti sur son grand paquebot jaune, chacun vers sa destination, chacun de son côté.
Il a suffit d’un bout de papier plié, pour que chacun se sentent liés ; pour qu’un amour soit né.
Malgré la distance, malgré l’absence, quand le soir venu les touristes regagnent leur cabine, seuls sous le ciel étoilé,... ils s’aiment.
Que de romantisme ! Le texte est une pure merveille de poésie, les illustrations grand format nous enveloppent toutes entières et l’on se laisse bercer par un océan de douceur et de tendresse.
Vraiment, un album riche et délicat.